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SÉJOURS

DE

SOUVERAINS & DE PRINCES

MONTREUIL-SUR-MER


PAR

GEORGES DE LHOMEL

MEMBRE ASSOCIÉ
CORRESPONDANT NATIONAL DES ANTIQUAIRES
DE FRANGE
_____________________________________________
MONTREUIL-SUR-MER
Imprimerie Charles DELAMBRE
1903
**************
SÉJOURS
DE SOUVERAINS & DE PRINCES
à Montreuil-sur-Mer












Dans les dernières années du Xe siècle, les comtes de Ponthieu habitèrent
Montreuil avant de choisir Abbeville pour capitale. (1).
Les rois de France de la première race y résidèrent aussi. Ils y avaient un château
bâti sur une hauteur escarpée et presque inaccessible.
Montreuil s'honore, en outre, à juste titre, d'avoir eu la visite des plus illustres
personnages, qui, pour se rendre à Boulogne ou à Calais, ou vice-versa, traversaient la
ville, toujours suivis d'un cortège imposant.

1313
En 1313, le Roi d'Angleterre Edouard II ayant fait son entrée à Montreuil, les
habitants peu affectionnés à la domination anglaise lui refusèrent le serment de fidélité.
Il s'en plaignit à Philippe le Bel, qui fit sommer le maire et les échevins de cette ville de
donner satisfaction sur ce point, au roi d'Angleterre (2).

1329
Le 30 mai 1329, Edouard 111, roi d'Angleterre venant rendre hommage à Philippe
VI, débarqua à Boulogne.
Les envoyés du Roi de France (son connétable et grand foison de chevaliers) le
rejoignirent à Montreuil (3). Edouard arriva à Amiens le 1er juin, escorté depuis
Montreuil par le Connétable de Chastillon et par les grands seigneurs délégués pour lui
souhaiter la bienvenue.


(1)Hugues 1er, fils et successeur d'Hilduin, comte de Ponthieu, abandonna Montreuil
pour aller résider à Abbeville, qui se trouvait dans un marais, plus facile à défendre que
Montreuil en cas d'invasion,
(2)Mss Ch. Henneguier.
(3) Froissart, T. 1, 21 partie p. 94 et 95. - En 1299, le 19 juin, est conclu le traité de
Montreuil, entre Philippe le Bel, roi de France et Edouard 1er, roi d'Angleterre, comte
de Ponthieu, par la médiation du Pape Boniface VIII.
Les négociateurs réunis à Montreuil étaient : pour la France, Gilles, archevêque de
Narbonne, Pierre de évêque d'Auxerre, Guy, Comte de Saint-Pol, Pierre Flotte, sire de
Bève et Pierre de Belleperche, chanoine de Bourges.
Pour l'Angleterre, Jean, évêque de Vincester, Symons, évêque de Salisbury, Aymes
de Savoye, Henri de Nicoles, Gui de Warwick, Aymar de Valence, Ottes de
Gransson, Jeffroys de Genvile et Jehens de Bar, chevaliers.



1355 - 1401
Le samedi 28 mars 1335, le Roi de France Jean II y entra (joyeux avènement) et y
séjourna les 29 et 30. Le 31, il se dirigea vers Boulogne.
Philippe-le-Hardi, duc de Bourgogne, coucha à Montreuil le 3 août 1384 il y revint
le 24 avril 1394, y séjourna du lundi 21 au vendredi 25 juillet 1399 et y retournait
encore le mardi 26 juillet 1401 (4). Le lundi 19 mars 1386, le Roi Charles VI y était
passé.

1416 et 1417
En 1416, le Duc de Bourgogne (5) et le Roi d'Angleterre vinrent à Montreuil. Henri
V descendit à l'Hôtel de la Couronne. Ces deux princes tinrent dans la ville des
conférences qui durèrent trois jours.
Le jeudi 19 avril 1417, Jean sans Peur revint à Montreuil.

1426
Le 28 mai 1426, Philippe de Bourgogne fut dans la ville (6).

1448 - 1472
Le 11 juillet 1448, Philippe le Bon (7), due de Bourgogne, arriva à Montreuil. Il
assista à la Messe à Saint-Saulve et fit aux reliques de cette église une offrande de 79
sols. Le lendemain, c'est à l' Eglise Notre-Dame qu'il entendit la messe ; il offrit à cette
église 24 sols et à ses reliques 72 sols. Du 16 au 20, il fut à Boulogne. En revenant
par Montreuil, le 21, il entendit la messe aux Carmes, leur donna pour leur église 24
sols et pour leurs reliques 72 sols (8)
Le 6 juillet l45l (9),le comte de Charolais dîna à Montreuil ; le 14 novembre
1452(10), il y dîna et y coucha ; le 22 avril 1466 (11) , il y revint retour de Boulogne et
n'en repartit que le 29 pour le Crotoy. Le 16 décembre 1472 (12), en quittant cette
dernière ville, il dîna et coucha à Montreuil où se trouvaient les Ambassadeurs
d'Aragon et de Venise. Il en repartit le 17.



(4)Itinéraire de Philippe-le-Hardi (Ernest-Petit).
(5)Jean sans Peur, 1404-1419. Assassiné sur le pont de Montereau en 1419.
(6)En 1422, le convoi mortuaire du roi d'Angleterre Henri V que l'on transportait en
Angleterre, traversa la ville.
(7)Philippe le Bon, 1419-1467.
(8)Arch. départ. du Nord. Chambre des comptes de Lille. B. 2000.
(9)Chambre des comptes de Lille, B, 3116.
(10) Id. 3417.
(11)Itinéraire du Comte du Charolais (Charles le Téméraire).
(12)Id.

1493
Le Roi Charles VIII, en revenant de Boulogne, s'arrêta à Montreuil le 16 juin 1493.
Le gouverneur de la ville, le clergé, la noblesse, l'Echevinage et les cinquantaines des
archers et des arbalétriers allèrent à sa rencontre, jusqu'à la limite du Boulonnais. Le
maire le harangua et lui offrit les clés de la Ville sur un coussin de velours. La gueude
marchande lui remit un drap d'or, qu'elle devait offrir à chaque monarque à sa première
entrée dans Montreuil.
Le Roi prit place sous un dans magnifique et fut conduit à l'abbaye de Saint-
Saulve au son des cloches de toutes les paroisses. L'Echevinage lui fit servir de
l'hypocras (13) et le Roi accepta deux boeufs aux cornes dorées.
Puis, suivi d'un magnifique cortège, il parcourait les principales rues de la ville et visita
l'abbaye de Saint-Saulve, l'Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, le château et les remparts. Le
lendemain il partait pour Abbeville.

1517
Le Roi François Ier séjourna le 30 juin 1517 à Montreuil, et y rendit un édit portant
sur la juridiction des élus et le fait des gabelles (14).

1520
François ler revint à Montreuil le 24 mai 1520 et y fut reçu avec le « cérémonial
accoutumé ». La municipalité se rendit au devant de lui avec une partie de la
population. Le maire, Adrien Hertaut, harangua le roi, à la tête du corps échevinal qui
comprenait Maître Jacques Guérard, avocat au bailliage, Pierre Violier, Gilles de
Sarton et Jacques de Lhomel.
Le Roi, désirant s'assurer du bon état de la place séjourna dans la ville du 24 au 28
mai et y signa l'édit créant les greffiers dans toutes les juridictions de son Royaume
(15). Le 28 mai, il prit la direction de Boulogne pour se rendre à l'entrevue qu'il eut
avec le Roi d'Angleterre au Camp du Drap d'Or.


1527
En 1527, le cardinal Volsey, due d'York, légat d'Angleterre, accompagné d'une
suite de six cents gentilhommes, passa à Montreuil pour aller à Amiens stipuler lui-
même les conditions de la paix. Le Roi enjoignit à l'Echevinage de recevoir le cardinal
Volsey, « avec l'honneur et les présens qu'il était accoutumé de faire au Roi à sa
première entrée dans la ville. Le cardinal de Lorraine, et le comte de Brienne, qui
avaient été envoyés par le Roi pour recevoir ledit légat, ordonnèrent de dresser un
pont et de faire un passage sur la rivière de Canche auprès du bac d' Attin pour le
passage dudit légat et de son train ».
La ville fut obligée d'emprunter une somme de 276 livres tournois que chacun de
ses officiers municipaux s'engagera solidairement à rembourser à dame Jacqueline de
Parenty, veuve de Jean de Crendalle (16).

1532
Le 18 octobre 1532, François Ier revint à Montreuil il était accompagné de ses trois
fils, le Dauphin, le Duc d'Orléans et le Due d'Angoulême, de l'Amiral de France, du roi
de Navarre et de trois cardinaux. Une grande fête eut lieu en son honneur et avant de
partir la Municipalité lui demanda de retirer l'impôt sur le sel. Il s'y engagea, mais
l'impôt fut maintenu.
François Ier se rendait à Boulogne pour avoir, avec le Roi d'Angleterre, une
seconde entrevue, du lundi 21 au vendredi 23 octobre 1532.
Un pont avait été jeté sur la Canche pour le passage du cortège royal.

(13) Breuvage très estimé anciennement, composé de vin, sucre et cannelle.
(14) Cat. des Actes de François Ier, n° 695.
(15) Lefils, « Histoire de Montreuil », p. 221, et Cat. des Actes de François 1er, n°
1186, 1187 et,1189 et Bibl. nat. mss. français, n° 33079.
(16)Arch. Ch. Henneguier, orig. parchemin. Constitution de rente faite par les
mayeurs et échevins pour subvenir aux frais d'une fête donnée par la Ville au Cardinal
Volsey, ministre d'Henri VIII d'Angleterre.

1549
Le 17 août 1549, Henri II se rend à Montreuil. Il y est reçu par le Connétable et le
Duc d'Aumale et par le Corps échevinal à la tête duquel se trouve le mayeur Nicolas de
le Retz. Le lendemain 18, il part pour Boulogne, accompagné de M. de Vendôme, de
Louis, Monsieur son frère, du Connétable, des Ducs de Guise et d'Aumale, du
Maréchal de Saint-André, du Seigneur d'Essé et de plusieurs autres princes et
seigneurs de sa maison.
Précédant Sa Majesté se trouvent sa cornette et plusieurs compagnies d'hommes
d'armes et de chevau-légers.

1561
Au mois d'août 1561, la Reine Marie Stuart passa par Montreuil.
L'Echevinage (17) lui offrit quatre paons; le Seigneur de Clenleu en avait fourni
deux et la Chartreuse de N.-D. des Prés, à Neuville, les deux autres (18).

1596
Henri IV fit sa première entrée dans la ville le 18 avril 1596.
La municipalité lui fit une réception aussi brillante qu'aux autres Rois ses
prédécesseurs (19). Le maire Antoine de Héghes, le reçut à l'entrée de la ville et la
gueude marchande lui présenta un drap d'or.

(17)Louandre écrit Tome 11, p. 207, n, 1 : Quand Marie Stuart traversa Montreuil
pour aller épouser François 1er, les mayeur et échevins de cette ville allèrent en grande
cérémonie lui offrir deux paons pour la divertir en route.
(18)Dans le compte échevinal de 1562-1563 à l'article dépenses, on lit : payé à
Antoine Renault voiturier, pour avoir été chercher deux paons au delà d'Amiens et les
rendre au Sr de Clenleu et pour 2 aultres que l'on avait prins pour faire présent à la
reine d' Ecosse, pour la valeur des dits deux paons, achetés en ville 4 livres. - En 1564,
l' Echevinage offre à l'Ambassadeur d'Angleterre allant en France 8 quennes de claret.-
En 1587, le Duc d'Aumale est à Montreuil, la Municipalité lui offre 2 queunes
d'hypocras et du vin d'Espagne. (Comptes de l' Echevinage).

(19)L'Echevinage était composé de : Henry Lamyrant, mayeur second, Antoine le
Roy, l'aîné, mayeur tiers, Charles Masson, Guillaume Boullenger, Jean Pasquier,
Nicolas d' Esquincourt, Antoine de Ray, François de St- Jean, Barthélemy de Baillon,
Jean d'Esquincourt, Jacques Wllart, échevins.

1620
Le 18 décembre 1620, le Comte de Lannoy, gouverneur de Montreuil, à son retour
d'un la Cour, avertit la Municipalité, que le Roi Louis XIII devait arriver le mercredi
suivant dans cette ville. Il lui conseilla « de députer quatre officiers du corps échevinal
pour précéder le Roi, et aller au devant de lui à Abbeville, et l'assurer des services et
obéissances de la Ville ».

Cette proposition ayant été agrée, le mayeur François de Poilly, Antoine de
Hégues, procureur du Roi, Charles Heuzé, mayeur tiers, et Robert de Berry, échevin,
furent choisis le 20 décembre. Dans cette même séance, le programme de la réception
du Roi fut arrêté (20).
Le mercredi 23 décembre, vers les trois heures de l'après-midi, Louis XIII fit son
entrée dans la place. Il fut reçu à la Porte de France « avec un dais et un voile de satin
blanc et conduit sous iceluy jusque l'église Notre-Dame accompagné du duc de
Luynes. » A son arrivée, le mayeur de Poilly le harangua. Il était entouré d'Antoine
Enlart, second mayeur, de Charles Heuzé, tiers mayeur, et des Echevins Grégoire de
Boullongne, Philippe de Lengaigne, Hugues Fiérard, Robert de Berry, Gilles de
Lhomel, Antoine de Saint-Jean, Charles Lambert, Gilles le Roy, Antoine Foiart,
Charles Postel et Jean Esgret. Les trois cinquantaines des Archers, Arbalétriers et
Arquebusiers et la Compagnie de la Jeunesse assistaient en armes à la réception du
Roi et les canons des remparts saluèrent Sa Majesté (21).


1621
En quittant Montreuil, Louis XIII se dirigea vers Calais, où il resta cinq jours (22).
Le samedi 2 janvier 1621, il y repassait. L'accueil que lui firent les Montreuillois fut
enthousiaste. Les canons tonnèrent sur le rempart de la Porte du Tambourin. Les
cloches sonnèrent à toutes volée, et les cris de : « Vive le Roi » se firent entendre
pendant toute la journée qu'il passa dans nos murs. L'Echevinage fit placer les armes
royales à la porte de la basse ville et à celle de l'hôtel où était descendue Sa Majesté ;
on mit aussi des écussons (23) aux armes du Prince de Condé, du Duc de Luynes et
du Comte de Lannoy, gouverneur de la ville, aux portes de Montreuil et de la citadelle,
au portail de l'Église Notre-Dame, aux logis du Roi et de sa suite.
L'Echevinage profita de cette occasion pour demander à Sa Majesté de décharger
la ville « du droit de francq-fief et des nouveaux acquêts et de continuer les dons,
octrois et affranchissements, privilèges qui étaient sur le point d'expirer ».
Le Roi coucha à Montreuil. Le lendemain 3 janvier, il se rendit à l'Eglise Notre-Dame
où il entendit la messe de 8 heures. En rentrant, il déjeuna, monta à cheval et partit
pour Rue où il arriva à 4 heures et demie (24).


(20) Dans cette séance, il fut décidé : « Que les sieurs mayeurs et échevins, corps de
communauté se prépareraient au meilleur équipage qui leur serait possible pour le jour,
de l'entrée du Roi, que les canons qui seraient dans les magasins en seraient tirés et
menés sur les remparts et tirés à l'arrivée de Sa Majesté. »
(21) Dans sa séance du 21 décembre, l' Echevinage, avait décidé de placer les canons
qui étaient sur la porte du Grand Marché sur la porte du Tambourin et de présenter au
roi 6 ou 8 bouteilles d'hypocras et 12 quennes de vin. Reg. des délibérations).
(22) Il quitta Calais le 31 décembre 1620.
(23) L'Echevinage vota 49 livres 7 sols pour placer des écussons aux armes du Roy,
du Prince de Condé, etc. et pour la confection de 16 chappeaux qui devaient servir
aux armoiries destinées à être placées aux portes de la ville, (Registre des délibérations
de 1'Echevinage). Dans le compte des patrimoniaux de 1622-1623, on lit : « payé à
Gabriel Muliet et à Guillaume Le Long, peintres en cette ville la somme de 27 sols
restant des 49 livres 7 sols pour avoir par eux peint onze armoiries tant de celles du
Roy, du Prince de Condé etc, pour s'en servir lors de la venue du Roi à son passage
de Boulogne à Calais et à l'entrée faite en cette ville par Sad. Majesté et ledit seigneur
de Luynes, gouverneur de cette province, ce compris 46 chapeaux ayant servi à toutes
les autres armoiries, tant de Sad. Majesté, desd. Seigneur Prince de Condé, duc de
Luynes et autres, tant à mettre aux portes de lad. Ville et citadelle qu'à l'église Notre-
Dame et portes de leurs logis savoir lesdites armoiries au prix de 73 sols chacune, et
lesdits chappeaux au prix de quatre sols chacun, laquelle somme n'a pu estre employée
au compte précédent faute de fonds ».
(24)A la Bibliothèque nationale fonds français, Mss. 4026, p. 391 et 391 verso, nous
avons trouvé un récit du passage de Louis XIII que nous reproduisons in extenso, car
il est très intéressant : « Le samedi 2 janvier 1621, le roi Louis XIII en venant de
Boulogne, arrive à Montreuil, à 4 h. 3/4, va en son cabinet, aux vêpres, (?) à six heures
soupe : brains du fenouil blanchy en salade au sucre et au vinaigre 16, olives de
panache et pain 10, un peu de chapon boully, veau boully, la moelle d'ung os de veau
lardé à la saulce à l'oignon 15, une cuisse presque entière de coq d'Inde en carbonade,
l'estomach d'une perdrix haché avec pain esmié, des oeufs et jus de mouton, beu du
vin clairet fort et trempé, une trenche de gélinote rotie avec pain esmié, gelée 4,
tranches de massepain glacés 4, fleurs d'aurange dans une petite tasse, 20, marrons
sucrés 6, une pomme de calleville entière, fruits confits, cerises confites 6, pain peu,
dragée de fenouil la petite queilleré ; va en sa chambre à huit, devestu, beu de l'eau
avec du sirop de cerise, mis au lit, pouls plein, égal, pausé, chaleur doulce, prie Dieu,
s'endort à 8 et trois quarts, esveillé doucement à minuit, se
lève……………………………………………………………remis au lit et s'en dort
jusques à six heures après minuit. Le 3° janvier, dimenche, esveillé à six heures après
minuit, doulcement, pouls plein, égal, pausé, chaleur doulce, levé, bon visage,
guay,……………………… assés, pigné, vestu, botté, prie Dieu ; à sept heures,
déjeune : gros grains de raisin blanc de Provence, 26, potage fait de pain blanc et de
bis à façon de marmite, 26, beu de l'hypocras fort trempé à 8 va à l'église, à 8 et demi
disne gros grains de raisin blanc 22, brins de fenouil blanchy en salade au sucre et au
vinaigre 16, olives et veau boully, la mouelle d'ung os de veau rosty à la saulce à
l'oignon 4; deux couvercles de pasté d'assiete (sic),une cuisse de gelinotte rostie avec
pain esmié, gelée 4 ; deux pommes de calleville entières, fruits conficts, marrons
sucrés 4, cerises confites 6, pain peu, beu du vin clairet fort trempé, dragée de fenouil
la petite queuillière; à 9 heures et un quart monte à cheval et part de Monstreuïl et
arrive à Rue à quatre heures et demie.

1625
Le 17 mai 1625, Henriette-Marie de Bourbon, fille d'Henri IV, et de Marie de
Médicis et épouse de Charles Stuart, roi de la Grande-Bretagne et Angleterre arriva à
Montreuil vers les 7 heures du soir, accompagnée de Monsieur Frère du Roi, du due
de Chevreuse et de sa femme, du duc de Luxembourg, de M. de Bassompierre, de M.
de Rambures et autres seigneurs et dames. Ils en repartirent le lendemain 18 pour
Boulogne où ils s'embarquent pour l'Angleterre pour consacrer le mariage de ladite
Henriette-Marie de Bourbon avec ledit Charles Stuart D (25).

1632
Le jour de l'Ascension 1632 (20 mai), Louis XIII repassa par Montreuil se rendant
à Calais pour installer M. de Maillé comme gouverneur en remplacement de M. de
Valençay (26).

1657
Le 23 mai 1657, le Roi Louis XIV, accompagné de la Reine mère et du Due
d'Anjou, fit sa première entrée dans Montreuil (3). Le cérémonial habituel fut apporté
à cette réception. Le mayeur Jean Allard, procureur du roi au balliage, reçut Sa
Majesté, la harangua et lui présenta les clefs de la ville. Les échevins Me Jacques
Patté, Nicolas le Roy, Me Adrien Bocquillon et Jacques du Crocq accompagnaient le
mayeur. Les bourgeois et les habitants de Montreuil, avec les trois compagnies
d'archers, d'arbalétriers et d'arquebusiers et la compagnie de la jeunesse étaient sous
les armes. La ville présenta l'hypocras à Leurs Majestés, au Duc d'Anjou, au cardinal
de Mazarin et autres Dames et Seigneurs de la suite du Roi. Des écussons aux armes
de ces personnages furent placés aux hôtels où ils logeaient ; un corps de garde fut
établi à la porte du Roi et le soir, sur son ordre, un feu de joie fut allumé dans tous les
carrefours de la ville. Le 6, Leurs Majestés allèrent jusqu'à Etaples. Le 28, le Roi,
après avoir assisté à la messe à Notre-Dame, alla chasser dans les dunes de Berck-.
La Reine et Monsieur avaient entendu la messe dans la chapelle des Capucins. Le 30,
le cortège royal quittait Montreuil (27).

1658
Le jeudi 16 mai 1658, le Roi et la Reine furent à Montreuil et y restèrent jusqu'au
dimanche 19 pour se diriger sur Boulogne (28). Ils étaient descendus à la Porte dorée,
tenue par Daniel Pollet (29).

(25) Copie d'un mémorial d'un habitant de Montreuil. (Arch. Ch. Henneguier).
(26) Id.
(27) Dans sa séance du 22 mai 1657, l'Echevinage décide d'envoyer à Abbeville une
députation composée de Me Jacques Patté et Adrien Bocquillon, notaires et
procureurs au baillage, échevins de la ville. - Le 29 mai, le Cardinal Mazarin est encore
à Montreuil. - Le 15 mai 1671, Colbert arrive dans cette ville, il était parti quelques
jours après le Roi pour l'accompagner dans son voyage en Flandre. (Lettres de
Colbert, Tome V., p. 1941).
(28) Gazette de France. « De Montreuil, le 30 may 1857. Leurs Majestez, qui estoyent
parties d'Abbeville le 14 de ce mois, estant arrivées proche de nostre première barrière,
accompagnées de toute la jeunesse en armes, qui estoit allée, en fort bel ordre
audevant d'Elles, y furent salüées, au nom de la garnison, par le Lieutenant de Roy
puis haranguées par nostre Lieutenant général : et à la porte par les Maire et eschevins
qui présentèrent au Roy un dits de damas bleu. Ensuite de quoy, Leurs dites Majestez
entrèrent ici au bruit de tout le canon et de la mousqueterie, tant des soldats que des
bourgeois, qui formoyent une double haye sur leur passage, avec les Gardes François
et Suisses : et aux acclamations de tout le Peuple, d'autant plus grandes, que c'estoit la
première fois qu'il avoit l'honneur de voir ce Grand Monarque : lequel aussi, pour
rendre cette joye plus solennelle, fit sentir les effets de sa clémence à grand nombre de
Prisonniers, qui estoyent ici, par la grace qu'il leur accorda. Le 26, Leurs Majestez,
escortées des Gardes du Corps, Mousquetaires, Chevaux légers et Gensd'armes, avec
la compagnie des Gardes à cheval du Prince d'Harcour, allèrent à la promenade à
Etaples, qui est un Port de mer, à trois lieues d'ici, du costé de Bologne, d'où Elles
revinrent le mesme jour. Le 28, le Roy ayant oüi messe en l'Eglise Nostre Dame alla
prendre le divertissement de la chasse du costé de Bergt, village proche de la mer ; et
la Reine et Monsieur furent aussi entendre Messe aux Capucins. Hier, deux
compagnies du Régiment de Richelieu, et 4 autres de celui de son Eminence, qui
avouent leur Quartier à une lieue d'ici, marchèrent vers le vieux Hesdin, pour joindre
ensuite, l'Armée du Mareschal de Turenne. Et ce matin, Leurs Majestez, après avoir
derechef receu les summissions de tous les Corps, en sont parties pour Abbeville. »
(29) Gazette de France. - De Montreuil-sur-Mer, le 17 mai 1658.
« Le Roy, accompagné de Monsieur, de son Eminence et des principaux de sa cour et
escorté de plusieurs escadrons des gardes du Corps, des mousquetaires et des Gens
d'armes et Chevaux-Légers, estant parti hier matin d'Abbeville, alla disner à Dampierre,
aux environs de laquelle Place nos Troupes estoyent assamblées, trois lieües au
dessous d'Auchi-le-Chasteau, sur la rivière d'Authie, et à deux de Hesdin : Sa Majesté
fut, ensuite coucher à un Chasteau qui en est proche et est aujourd'hui venüe en cette
ville : où la Reyne estoit arrivée des le mesme jour d'hier : Sadite Majesté y ayant été
receüe au bruit du canon, et aux acclamations de tout le Peuple, avec les honneurs
qu'ont accoustumé de lui rendre tous les corps. » (30) Payé à Daniel Pollet, Maître de
la Porte dorée la somme de 33 livres 16 sols pour vin présenté à Sa Majesté et à la
Reine et présenté à aucuns Seigneurs de leur suite suivant l'ordonnance du 3l mai
1658. - A Noël Queval, apoticaire, 33 livres pour 12 pots de vin d'hypocras qui ont été
présentés à la Reine à son arrivée et aux dames de sa cour, (Quittances des 22 juin et 8
août 1658).
(Comptes patrimoniaux de la ville, 1658). - En 1657, le duc de Bouillon et le maréchal
de Turenne traversent Montreuil (id.)

1670 (3juillet)
Leurs Majestés quittèrent Boulogne, le 3 juillet, dînèrent à Montreuil et couchèrent
à Hesdin où elles arrivèrent à 8 heures du soir. Le duc d'Elbeuf, gouverneur de la
province de Picardie, qui avait été audevant du Roi « avec quantité de noblesse » lui
présenta les clés de la ville à la tête du corps de ville (30) et au bruit du canon et aux
acclamations de Vive le Roi. (31)

1671 (30 mai)
Le 30 mai, après avoir entendu la messe a l'église des Carmélites, le Roi et la Reine
quittèrent Abbeville et n'arrivèrent que le soir à Montreuil, où ils furent reçus avec « le
cérémonial accoutumé ». Le 1er juin, à l'issue de la messe des Capucins, elles se
dirigeaient vers Boulogne (32).

1803
Le 29 juin 1803 (10 messidor an XI), le premier Consul arriva à Montreuil. A
Nempont-Saint-Firmin, il était reçu par le maire de cette commune qui l'assurait de
l'attachement des Picards à sa personne.
A Montreuil, un peuple immense ! A son Rapproche, un cri général
d'enthousiasme s'éleva : « Vive Bonaparte ! Vive le sauveur de son pays, Vive le
Premier Consul »
Le colonel Poultier présenta les clés de la ville et les militaires chargés de le
seconder dans la défense de la place. S'ils sont peu nombreux, dit-il a Bonaparte,
vous leur avez appris à ne calculer ni leur nombre, ni celui de leurs ennemis (33).
Le maire de la ville, M. de Roussen de Florival, adressa une harangue à Bonaparte.
Il était à la tête du conseil municipal (34) et accompagné des adjoints (35).
Bonaparte, après cette réception, quitta Montreuil et continua sa route vers
Boulogne où il arriva vers 11 heures du soir.

(30)L'échevinage était composé, du maire François, le Pottier, sieur de la Hestroye,
lieutenant particulier au balliage, et des échevins Jacques Pollet, Antoine Hurtrel, Denis
Coupier, Gilles de Lhomel, argentier.
(31) Gazette de France. Année 1670, p.555 et 577.
(32) Gazette de France. Année 1671, p.459.
(33) Mémorial du Pas-de-Calais. N° 8 et 9. -le Préfet s'adressant au Premier Consul
lui dit : tranquilles sur nos destinées, nous savons tous que pour assurer le bonheur et
la gloire de la France... pour fixer enfin la paix sur la terre, Dieu créa Bonaparte et se
reposa.
(34) Le conseil municipal était composé de Jacques Poultier, ancien député aux Etats
Généraux, Pillet, Dodenfort, Joachim Pecquet, Claude Hacot, Dournel, Louis Havet,
Siriez du Cléty, Henneguier François, Lefebvre, Delannoy, Thueux, Leroy de
Lozembrune, Vincent, François Havet, Grégoire de Lhomel, Féron, de Lespine,
Dacquin et Lafoscade.
(35) Les adjoints s'appelaient Philippe Macaire et Alexandre Thueux.




1810 (28 Mai)
Dans les derniers jours du mois d'avril 1810, les habitants de Montreuil apprirent
que l'Empereur et l'impératrice devaient visiter leur ville avant de se rendre à Boulogne.
A cette nouvelle, le Sous-Préfet Poultier (36) réunit le 3 mai les autorités civiles et
militaires dans son hôtel. Le 5, d'accord avec l'Administration Supérieure, le Conseil
municipal rédigea le programme et le cérémonial de cette réception.
Le Commandant d'Armes, le colonel Poultier, pour l'arrivée de l'Empereur,
prescrivit par un ordre du jour du 8 mai 1810, que toute la garde nationale prendrait les
armes le jour du passage de l'Empereur, que la moitié de la troupe serait mise en
bataille sur le glacis à droite et à gauche de la porte par laquelle Sa Majesté devrait
entrer et l'autre moitié sur les places que Sa Majesté devrait traverser. Les sous-
officiers et les soldats présenteront les armes, dit encore l'ordre du jour, les drapeaux
salueront et les tambours battront aux champs. Il sera fait trois salves d'artillerie après
que Sa Majesté aura passé les ponts. Pour la sortie de Sa Majesté la garde nationale
sera disposée comme à son entrée, c'est-à-dire moitié sur les glacis et l'autre moitié,
sur son passage. Il sera fait également trois salves d'artillerie. »
Sur les ordres du Général commandant la 16° division le Commandant Poultier
complète et modifie le 25 mai l'ordre du jour du 8, par un second ordre du jour ainsi
conçu :
« La moitié de la cohorte de la garde nationale qui aura pris les armes sera mise en
bataille sur le glacis à droite et tu gauche de la porte par laquelle Leurs Majestés
devront entrer et l'autre moitié sur la place que Leurs Majestés devront traverser. Les
sous-officiers et soldats présenteront les armes ; les officiers et les drapeaux salueront.
Les tambours battront aux champs. La cavalerie ira au devant de Leurs Majestés
jusqu'à une demi-lieue de la place et l'escortera jusqu'à une demi-lieue de leur sortie.
Les officiers salueront; les trompettes sonneront la marche.
Le Commandant d'armes, l'état-major, les officiers sans troupe, les officiers réformés
se trouveront à la première barrière pour en présenter les clés à Sa Majesté l'Empereur
et Roi.Il sera donné au maire et adjoints une garde d'honneur de trente hommes au
moins pour se rendre au peint où ils doivent présenter les clés de la Ville à Sa Majesté
l'Empereur. Il sera fait trois salves d'artillerie après que Leurs Majestés auront traversé
les ponts, il sera fait également trois salves d'artillerie à leur sortie (37). »
La création d'une garde d'honneur à cheval fut décidée le 5 mai. Le 20, elle est
désignée par le Sous-Préfet (38) et n'est composée que d'officiers faisant partie de la
garde nationale sédentaire, nommés par l'Empereur : Messieurs Hurtrel d'Arboval (39),
E. de Campigneulles (40), de Lhomel-Hecquet, de Wamin, Poussart, Barré, Henri
Martel, Martel, Poultier, Riquier, Tellier, Testart de la Neuville, Thélu, Baudoin, Carlus,
Le Noir et de Poilly (41). Elle est commandée, sur la demande de ces officiers, par M.
d'Acary, chef de la 50 légion de la garde nationale du Pas-de-Calais.
L'uniforme de cette garde était somptueux : surtout de drap bleu à boutons
d'argent, veste blanche, pantalon de nankin avec liseré de soie de pareille couleur, sur
la couture du dehors et un trèfle sur le pont, bottes à la Souwaroff, éperons blancs et
sabre à la hussarde, chapeau claque, avec cocarde en argent et plumet blanc.
Chaque officier était en outre décoré d'une écharpe de soie blanche à franges
d'argent qui lui avait été donnée par la Ville. Les chevaux avaient une chabraque de
drap bleu avec bordure écarlate découpée et surmonté d'un galon blanc uni.
Une garde d'honneur à pied accompagna le maire de la PastureVerchocq ainsi que
tout le conseil municipal jusqu'à l'endroit de la grande route qui séparait Montreuil de
sa banlieue.
Le maire, comme ses deux adjoints (42), étaient en grand uniforme

(36) Charles-Robert-Remy-Thomas Poultier avait été notaire à Montreuil.
(37) Arch. Ch. Henneguier. Ordres du jour autographes.
(38) Archives communales de Montreuil. - K4.
(39) Louis-Henri-Joseph Hurtrel d'Arboval, écrivain - vétérinaire distingué naquit à
Montreuil le 7 juillet 1477. Il y est mort le 20 juillet 1839. Il fut un des promoteurs de
l'institution des Frères de l'Ecole chrétienne dans cette ville en 1824.
(40) Ernest-louis-Jean-Baptiste Fougeroux de Campigneulles fut chef de cohorte,
commandant de la garde nationale de Montreuil et conseiller municipal. Il mourut le 10
mai 1822.
(41) Charles-François-Dominique de l'oilly, né à Montreuil le 4 août 1754, avait été
capitaine du régiment mestre de camp; chef de cohorte de la garde nationale du canton
d'Étaples en 1816, il est mort à Montreuil le 21 janvier 1817.
(42) Blondin de Baizieux et Thueux étaient adjoints. Le conseil municipal était
composé de Pierre-Nicolas, ancien officier, Lambert, Hurtrel d'Arboval, Legaucher
Dubroutel, de Bernes de Longvilliers, Guéroult de Bois-Robert, Féron, Lefebvre,
François Henneguier, etc.

Les jeunes filles des meilleures familles de Montreuil allèrent au-devant du couple
impérial, adressèrent un compliment et offrirent un bouquet à l'Impératrice.
Deux ares de triomphe furent élevés, l'un à la Ville-Basse, l'autre à l'entrée des
fortifications sur la route d'Abbeville. Toutes les rues furent décorées de guirlandes et
de mâts plantés sur le revers, les façades des maisons couvertes d'une tenture blanche
et ornées de fleurs, de verdures et de rubans.
L'Empereur et l'impératrice déjeunèrent à la Sous-Préfecture et avant de partir,
Marie-Louise offrit à la fille du Sous-Préfet, M. Poultier, une jolie montre en or, que sa
petite-fille, Madame A. de Baillehache, conserve comme préceux souvenir (43).
L'Empereur partit le 19 septembre de Compiègne, arriva à Montreuil à 4 heures
après-midi, y resta deux heures environ et ordonna, après avoir inspecter la situation,
divers travaux aux officiers du génie (44)

1814
L'Empire venait de s'effondrer, malgré les prodiges de valeur et de science
militaire déployés par Napoléon qui avait dis signer son abdication à Fontainebleau le
11 avril, La France revenait volontiers à la Monarchie légitime.

(43)Le 14 mai, le Sous-Préfet de Montreuil réquisitionne 80 chevaux et 10
bidets à fournir par les cultivateurs pour le service de Sa Majesté. (Arch. de la Mairie
K4). Il fallait de nombreux relais et les ressources un chevaux de poste et en
postillons étaient insuffisantes. Les dépenses de la ville pour cette réception
impériale s'élevèrent à 3,548 fr. 25 (Comptes de la Ville).
(44)Montreuil, 1811, p. 1045.

Le Roi Louis VIII débarqua à Calais le 24 avril et partit pour Boulogne. Il quitta
cette dernière ville le 27 pour se rendre à Montreuil.
Une garde d'honneur à cheval fut formée en vingt-quatre heures sur la demande
du chef de la légion d'élite du Pas-de-Calais, M. d'Acary (45). Elle fut commandée
par M. de Lhomel-Pecquet (46).
C'est a cette occasion, qu'il reçut la croix de l'Ordre du Lys, comme plusieurs
des officiers sous ses ordres Une garde à pied se rendit aussi au-devant de. Sa
Majesté.
A Montreuil le Roi arrive vers une heure de l'après-midi. La garde d'honneur à
cheval lui servait d'escorte. Le Conseil municipal à la tête duquel se trouvait le maire
M. de la Pasture-Verchocq, chevalier de Saint-Louis et ancien capitaine des
mousquetaires, le reçut à l'entrée de la porte de Boulogne.
M. de la Pasture offrit au Souverain les clés de la ville et l'assura de la fidélité et de
l'amour de ses habitants.
En même temps, un grand nombre de gentilshommes et de chevaliers de Saint-
Louis lui remirent une adresse de fidélité.
Puis des jeunes filles vêtues de blanc allèrent au-devant du carrosse royal,
présentèrent des fleurs au Roi et à la Duchesse d'Angoulème qui, en récompense de
l'accueil chaleureux qu'elle recevait, obtint du Roi de s'arrêter une heure dans sa «
bonne ville ». Louis XVIII en se rendant à ce désir voulait aussi remercier les
Montreuillois de leur magnifique réception.
Dans tout le parcours de la ville, des mariniers traînèrent sa voiture. Les canons
de la place tirèrent sans cesse, les cloches sonnèrent à toute volée et la joie la plus
grande ne cessa de régner dans la population.
En partant, le Roi exprima sa satisfaction et son émotion et c'est avec regret qu'il
s'éloigna de Montreuil pour se diriger vers Nempont où la garde d'honneur à cheval le
quitta à son entrée dans le département de la Somme (47)

1814 (17 Août)
A son retour d'Angleterre où il avait passé quelques jours, le Duc de Berry
débarqua à Calais le 16 Août dans la soirée. Le 17, il arriva à Boulogne à 8 heures et
½ du matin et en repartit à une heure et ½ de l'après-midi. Il traversa Montreuil vers
les 5 heures. Les pompiers et la garde nationale lui servirent d'escorte (48). A 9
heures du soir il était à Abbeville où il coucha (49).


(45)La lettre du chef de la légion d'élite du Pas-de-Calais, M. d'Acary à
Monsieur Henneguier, chef de cohorte, en date du 23 Avril 1814 est ainsi conçue : «
Monsieur et cher Camarade, ne doutant pas de votre zèle et de celui de MM. les
officiers sous vos ordres pour rendre les honneurs qui sont dus à notre Roi bien
aimé Louis XVIII, j'ai l'honneur de vous inviter à vous trouver à Montreuil au moment
de son passage avec le plus d'officiers de votre cohorte que vous pourrez rassembler
en grand uniforme. Ceux de ces Messieurs qui ont des chevaux ou qui pourront s'en
procurer formeront une garde à cheval pour aller au-devant de Sa Majesté et lui servir
d'escorte et de garde si elle daigne l'accepter tant qu'elle parcourra l'arrondissement,
mais il n'y a pas un instant à perdre, Sa Majesté éteint attendue d'un jour à l'autre ; il
est bon de prévenir particulièrement les officiers qui ont il y a quatre ans formé une
garde d'honneur et qui tous étaient bien montés. Ceux de ces messieurs qui ne
pourront se procurer des chevaux feront partie de la garde à pied ; tous, j'en suis
certain, sont animés du même zèle pour notre Roi légitime si désiré de tous les bons
français, Recevez, Monsieur et cher camarade, l'assurance du très sincère
attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant
serviteur. Signé H. d'Acary. (Lettre autographe. Arch.personnelles).
(46)Jean-Baptiste-Bonaventure de Lhomel-Pecquet était le père de l'ancien député
conservateur du Pas-de-Calais et notre grand'père. Il ajouta à son nom celui de
Pecquet, nom de sa mère, dont les deux frères Joachim Pecquet, avocat en parlement
et Pierre-Nicolas Pecquet, chevalier de Saint-Louis, ancien capitaine aux gardes de
Lunéville furent enfermés comme suspects en 1793 et le troisième frère, J.-Bte-
Nicolas, curé de Marconnelle, fut déporté pour avoir refusé de prêter serment à la
constitution civile du clergé. Il servit dans le 1er régiment de chasseurs à cheval du 11
décembre 1798 - 10 Juillet 1800 et assista à un grand nombre de batailles ; lieutenant
à la 5e légère de la 1ère cohorte du Pas-de-Calais, le 15 Avril 1808 ; capitaine de la
garde nationale de 1814 à 1838 ; le 12 Juillet 1815, il est député par la ville de
Montreuil pour aller porter une adresse de fidélité au roi Louis XVIII, avec Delpouve,
procureur du Roi, Tellier, avocat, Lefebvre, receveur de l'arrondissement et Jérôme
de Lhomel, ancien secrétaire du Comte de Bournonville, ministre d'Etat. (Arch. Nat.,
Fig. III.10, Pas-de-Calais). Cette députation devait-être présentée au roi par le Duc de
Doudeauville. Comme un des chefs du parti royaliste et catholique de Montreuil en
1836 il rédige et signe une pétition au préfet du Pas-de-Calais pour le maintien de
Frères à Montreuil (Arch. Nat., F II, 28). Né le 21 Juillet 178, il est mort le 14 Mars
1850.
(47)Louis-François Dubreuil-Fréville, Lieutenant des grenadiers de la cohorte
urbaine fut aussi décoré de l'ordre du Lys comme garde d'honneur à cheval. (Arch.
Charles Henneguier, pièce originale).


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