Retour à la page d'accueil
Retour en haut de la page
Dernière modification de cette page : 09/05/01
LE CULTE
D E
SAINT WULPHY
A MONTREUIL-SUR-MER
PAR AUG. BRAQUEHAY

MONTREUIL-SUR-MER
IMPRIMERIE NOTRE-DAME-DES PRÉS

__

1896



_______________________________________________________________




LE CULTE

DE SAINT WULPHY

A MONTREUIL-SUR-MER.


Les invasions des Barbares avaient détruit les premiers germes de la foi chrétienne que saint
Firmin, saint Fuscien, saint Quentin, saint Victoric et saint Gentien avaient semés au pays du
Marquenterre. Revenus à leurs anciennes croyances, les habitants de ces parages adoraient les
fontaines, les arbres et les pierres, objets du culte de leurs aïeux. Caydoc et Frichor, disciples de
saint Colomban, s'étaient exposés à rougir de leur sang ce sol rebelle aux appels de ces voix qui
sans cesse criaient charité, amour. Ceci se passait vers les premières années du VIIe siècle, quand
Riquier dont la vie telle que la donnent les légendes est d'une si touchante poésie, vint implanter
définitivement dans cette contrée les préceptes de l'Évangile. Grâce à lui, le gui encore si vénéré
est délaissé pour l'image du Christ qu'on rencontre désormais au milieu des bois ; les fontaines
sacrées répondent au doux nom de la Mère du Sauveur ; les esclaves sont rendus à la liberté par
leurs maîtres ; la plus altière des châtelaines, Sighetrude ou Sorrusse, tremble à la seule pensée
d'avoir fermé la porte de son manoir à celui qu'en plein champ la neige épargne dans son sommeil ;
et cet ami, ce charmeur des faibles et des humbles auprès duquel les petits oiseaux viennent
chercher leur pâture, d'après le langage symbolique du légendaire, est l'objet de l'admiration de
tout un peuple dans la retraite qu'il s'est choisie " en ung lieu en le forest de Cressy, qui est
appellet le forest Monstruel ", et où doit s'élever un jour l'abbaye de Forest-Montiers (1).
Un tel apôtre était digne d'un tel résultat, si bien que le vénérable évêque de l'Ambianie,
Berchund, crut devoir établir un prêtre dans le centre de ce pays, connu depuis sous le nom de
Rue. Homme de Dieu, que l'exemple et la parole de Riquier guidaient dans l'exercice de son
ministère, ce prêtre lui aussi, avait su gagner les coeurs. Une mort prématurée l'arracha à son
oeuvre et à l'affection de son troupeau.
Alors les regards de tous se tournèrent vers Riquier, et ils lui désignent, en vertu des pouvoirs
qu'il a reçus du pape pendant son séjour à Rome, l'un des leurs et l'un de ses disciples comme
successeur à leur pasteur, le modeste Wulphy (Wlphagius) que son instruction et sa fervente
piété appelaient à ces fonctions.
Précieux mais cruels suffrages! Simple clerc, n'ambitionnant que les ordres mineurs, Wulphy est
marié et père de trois filles! Et pourtant, de concert avec son épouse et sa famille, il s'incline
devant la volonté du peuple dans laquelle il pense reconnaître celle du Tout-Puissant, et, résolu
de se soumettre à la séparation et à l'abstinence la plus complète, il prend le ferme propos de
consacrer désormais ses jours au bien de ses ouailles. " Il fut, dit un de ses biographes, tout à la
fois le père et le pasteur de son peuple, le pied du boiteux, les yeux de l'aveugle, le nourricier du
pauvre, la consolation des veuves, le défenseur de l'orphelin, l'amour de tous ses paroissiens (2).
"
Mais la fragilité humaine devait finir par reprendre ses droits. Wulphy ne peut résister au désir
de renouer des relations avec celle qu'il avait aimée et qu'il aime encore. En vain les murmures du
peuple s'élèvent avec une force d'autant plus grande qu'entière était la confiance qu'il avait mise
dans son élu. Wulphy résiste à ces plaintes toujours croissantes, jusqu'à ce qu'enfin, suivant
certains historiens, vaincu par le remords, selon d'autres, frappé dans ses affections par la mort de
sa femme retirée à l'abbaye de Port ainsi que ses trois filles, il aille se jeter aux pieds de Riquier,
reconnaître sa faute et solliciter de lui le moyen de la réparer. Riquier l'accueille avec bonté, avec
lui il pleure son péché, et Wulphy se rendant à ses avis, prend le bourdon du pèlerin et part pour
Jérusalem demander sur le tombeau du Christ son pardon (3). Il pensait mourir en Terre Sainte,
mais son destin le rappelait dans son pays. De passage à Rome " pour y recevoir, selon l'usage
d'alors, des mains du Souverain Pontife, la palme et la croix qui estoient la Marque des pèlerins du
Saint-Sépulcre" , il reçut également de lui l'absolution, et, après plusieurs années passées dans
cette partie des profondeurs de la forêt de Regnière-Écluse qui a conservé le nom de bois de la
Chelle (de cella, cellule) et où il se livrait aux macérations les plus dures, il expirait vers le milieu du
VIIe siècle entouré de cette vénération qui devait tant servir à l'affermissement du christianisme
dans la contrée. Son corps fut inhumé dans l'ermitage qu'il s'était élevé et plus tard transféré à
l'abbaye de Forest-Montiers, dans le tombeau de saint Riquier devenu vacant par suite de la
translation des restes de ce dernier à l'abbaye de Centule qui dès lors porta son nom.
Mais le corps de Wulphy ne devait pas rester dans ce séjour. En 939, Arnoul, comte de
Flandre, s'emparait par ruse de Montreuil, depuis longtemps objet de sa convoitise à cause de son
importance commerciale, et ce comte à l'instar de Hilgold qui avait su faire de cette ville un centre
religieux considérable par l'appropriation à son profit des corps des saints les plus vénérés de la
Bretagne venus échouer dans le voisinage du port de Waben (4), lui aussi eut à coeur de doter sa
nouvelle conquête de précieuses reliques. Au cours de ses incursions dans le Ponthieu, et sous
prétexte de les soustraire à la rapacité des Northmans, il n'hésita pas à dépouiller les abbayes de
Saint-Valery et de Saint-Riquier des restes vénérés de leurs patrons. Celle de Forest-Montiers
n'échappa point à la loi commune. Mais, moins heureuse que les deux premières, celle-ci ne rentra
jamais en possession de son saint dépôt (5). Le corps de saint Wulphy, d'abord exposé dans une
masure convertie en oratoire (6), devint l'objet d'un véritable culte de la part des habitants non
seulement de Montreuil, de Rue et du Marquenterre, mais encore du Boulonnais et du pays de
Thérouanne (7). Bientôt une simple chapelle ne suffit plus ; avec l'assentiment des religieux de
Saint-Saulve, réserve faite de leurs droits, elle est érigée en paroisse (8). Le 6 des calendes d'avril
1143, Innocent II et, le 8 des calendes de mai 1154, Anastase IV, leur en reconnaissent le
patronage (9). Elle ne cessa d'être église paroissiale que le I7 avril 1598, lorsque l'évêque d'Amiens
Geoffroy de la Marthonye en eut fait don aux Pères Carmes, la plupart des quartiers qu'elle
desservait ayant dû disparaître pour la construction de la nouvelle enceinte de la ville après le
sièce de 1537, ce qui en restait ayant aussi été presque totalement dépeuplé par la peste de 1596
(10).


Alors les reliques de saint-Wulphy, telles que le coadjuteur de l'évêque d'Amiens Jean le Jeune
les avait renfermées le 2o avril 1435, dans une chasse "couverte de lames d'argent richement
élabourées" , et dans laquelle avait été replacée une inscription également sur argent et ainsi
conçue : hic continetur corpus sancti Wlphagii, confessoris, furent solennellement transférées
dans le trésor de l'église abbatiale de Saint Saulve où elles prirent place auprès de celles contenant
les restes des patrons de la cité, saint Saulve, saint Ingold, saint Waloy ou Guennolé, saint
Maclou, saint Justin, saint Corentin, saint Conoken, saint Etbin et saint Kilien, tandis que l'Église
paroissiale de Saint-Waloy prenait également ce saint pour second titulaire et que les Pères
Carmes ne cessaient de lui vouer un culte particulier dans son ancienne église (11).
Cette cérémonie ne fit que raviver la foi du peuple, si grande déjà dans le pouvoir de Wulphy.
Elle inspira même dès lors aux habitants de Rue le désir de posséder tout au moins une portion
des reliques du saint pour leur église paroissiale placée sous son vocable. Le vendredi 28 mai
1632, Jacques Delecour recevant le cardinal de Richelieu à l'une des portes de la ville de Rue dont
il était mayeur, lui représenta combien ses concitoyens seraient heureux de voir ce voeu
s'accomplir. Le cardinal promit de s'intéresser a cette affaire, mais, tout préoccupé de la mise en
état de défense de nos frontières, comme bien on pense ne tarda pas à l'oublier (12).
Plus heureux furent le curé et le mayeur auprès de l'évêque d'Amiens François Le Fèvre de
Caumartin en tournée pastorale dans leur ville le 5 juin 1634. Ce prélat était originaire d'une vieille
famille du Ponthieu anoblie sous Charles VI. Fils d'un ancien garde des sceaux de France qui avait
rempli les fonctions d'intendant de Picardie pendant trente-deux ans, depuis son élévation au
siège épiscopal d'Amiens, sa ville natale, il favorisait de tout son pouvoir les pieuses entreprises
qui pouvaient tendre à la propagation de la foi dans son diocèse. Il accéda donc au désir des
habitants de Rue, et cela avec d'autant plus d'empressement qu'il joignait à son nom celui du fief
de Caumartin situé près de leur ville, qu'un de ses ancêtres Jean Le Fèvre, avait acquis du sieur de
Torcy en 1531 (13). Les assurant de son appui, il alla même jusqu'à leur donner rendez-vous à
l'abbaye de Saint-Saulve à Montreuil où il se proposait de séjourner quelques jours.
Le mercredi 7 juin, précisément jour de la fête de saint Wulphy, il arrivait dans cette ville qui alors
" étoit pleine d'étrangers " venusvénérer les corps saints, exposés selon l'usage, pendant la
semaine de la Pentecôte, à la dévotion des fidèles (14). Déjà il avait visité quelques églises et, au
cours d'un entretien avecCharlotte-Cécile de Monchy, abbesse de Sainte-Austreberte, il s'était
fait fort de lui remettre une parcelle des reliques du saint pour son monastère, lorsque, de retour à
l'abbaye de Saint-Saulve, il y rencontra le curé de Rue et une députation des membres de
l'échevinage de cette ville chargés par leurs concitoyens de solliciter des moines la remise d'une
partie des restes de leur saint protecteur.
L'évêque loua grandement leur démarche. De leur côté, les religieux, heureux de contribuer à
l'extension du culte d'un des principaux saints de la contrée, s'empressèrent de faire droit à leur
demande. En conséquence François Le Fèvre de Caumartin, accompagné de toute la
communauté, de l'abbé Simon Delessau, prévôt du chapitre d'Amiens, des chanoines Mathieu
Guillou et Charles Picard, des abbés Jacques Bennet, doyen de la chrétienté d'Abbeville, Louis
Beaubois, curé de Rue, Nicolas de Lemour, curé de Bernieulles, Nicolas Le Febvre, son aumônier,
d'autres prêtres encore, et de Jean Legrand, procureur de la ville de Rue, se porta
processionnellement dans la chapelle du Trésor du Monastère où, après invocation à l'Esprit-
Saint et une suite de chants solennels devant les sept châsses contenant les restes des neuf
corps saints de la cité, les religieux descendirent avec respect celle de saint Wulphy que l'évêque
remit aux orfèvres pour l'ouverture. L'opération se fit non sans difficulté. Néanmoins l'évêque
extrayait bientôt de la châsse la partie inférieure de la mâchoire ainsi que deux parcelles du tibia du
saint, et la refermait après y avoir déposé un procès-verbal écrit et rédigé par l'abbé Charles Picard,
son secrétaire particulier; puis, la châsse remise à sa place accoutumée, le prélat pénétrait dans
l'église abbatiale où plus de deux mille personnes recevaient de lui le sacrement de Confirmation
(15).
Cependant le bruit d'un enlèvement de reliques s'était répandu parmi le peuple sur les dires d'un "
quidam " qui, tout en faisant ses dévotions à l'é-lise Saint-Saulve, avait eu son attention portée
vers la Trésorerie par les coups de marteau de l'orfèvre chargé de l'ouverture du reliquaire. Au
courant de l'arrivée simultanée de l'évêque d'Amiens et des habitants de Rue, il avait " voulu
scavoir ce que c'estoit", et, s'étant vu fermer la porte de ce local, il était allé faire " scavoir de main
en main qu'il y avoit là dedans des voleurs (16).



A cette nouvelle, l'effervescence la plus grande s'empara des esprits. La cérémonie de la
Confirmation était achevée, le prélat rentrait à peine dans la sacristie s'apprêtant à quitter les
ornements pontificaux, lorsque les abbés Delessau et Picard lui firent part que messieurs Enlard,
mayeur de Montreuil, Jean Allard, procureur du Roi, Patté, bourgeois de cette ville, et quelques
échevins étaient venus pendant l'office, leur déclarer en présence de l'abbé Nicolas Allard, doyen
du chapitre de Saint-Firmin-le-Martyr à Montreuil, et de quelques moines se trouvant avec eux
dans la sacristie, que le bruit courait en ville qu'on enlevait le corps de saint Wulphy, ce qui ne
pouvait être fait qu'avec le consentement des habitants, ceux-ci l'ayant reçu en dépôt d'un comte
de Ponthieu (17); que la chose méritait grande attention, parce que la population commençait à
s'émouvoir, et que bientôt peut-être ils ne seraient plus capables de la contenir. A quoi ils avaient
objecté que les évêques avaient la libre disposition des reliques selon l'opportunité des temps et
des lieux, et pour la consécration des autels, et que du reste il n'avait été distrait que quelques
légères parcelles du corps du saint, ce que constatait un procès-verbal. Le mayeur et sa suite
avaient paru satisfaits de ces explications; ils avaient promis d'employer tout leur crédit pour
apaiser les mécontents auxquels ils allaient rendre compte de leur démarche ; toutefois, en se
retirant, exprimèrent-ils la crainte qu'il n'arrivât quelque fâcheux événement, et le désir qu'ils se
missent sur leur garde.
Le chanoine Picard avait à peine terminé ce récit, l'évêque portait encore le pallium avec la
chasuble et l'étole, quand tout à coup une bande de furieux traversant l'église, vient briser les
portes de la sacristie, en proférant contre le prélat les plus violentes injures. En vain M. de
Caumartin essaie de calmer l'exaspération de ces gens prêts à se porter aux plus coupables excès,
en leur remontrant qu'il n'a fait qu'user de son droit ; en vain, persuadé qu'il faut céder à la force,
remet-il sous leurs yeux dans la chasse de saint Wulphy, les quelques ossements qui en avaient
été extraits; les voûtes de l'antique abbatiale retentissent des cris de mort poussés par le peuple
qui, accourant à l'appel du tocsin, fait irruption dans la sacristie. Alors épées, haches et lances
sont levées contre le prélat qui, sous la protection de M. de Saint-Maurice, commandant de la
citadelle, gagne à grand'peine le choeur de l'éclise, pensant pouvoir de là s'échapper par l'abbaye
(18). Mais voici que plus de douze cents personnes l'entourent. Frappé, jeté à diverses reprises
au pied de l'autel, il est repoussé du sanctuaire dans la cour du monastère où hommes et femmes
au nombre de plus de deux mille l'accueillent par des blasphèmes et de véritables cris de rage. "
Tuez-le, tuez-le ", vocifère-t-on de toutes parts, au moment où, en voulant détourner de la main
gauche une épée dirigée contre lui, un coup de poing reçu en pleine poitrine le jette au même
instant dans les bras de M. de Saint-Maurice et de l'abbé Allard qui le transportent inanimé dans
la cellule de Dom André de la Motte, tandis que l'abbé Beaubois écarte du malheureux évêque une
hache prête à le frapper par derrière. Mais là ne devaient pas s'arrêter les tribulations de M. de
Caumartin : cinquante d'entre les émeutiers les plus exaltés le suivent dans sa retraite, M. de Saint-
Maurice est violemment repoussé de l'entrée de la cellule qu'il s'efforce de défendre, et la porte
cède aux coups de haches et de crosses d'arquebuses, alors aussi que des pierres lancées de tous
côtés font voler les vitres des fenêtres en mille éclats.
De nouveau le prélat cherche son salut dans la fuite. En toute hâte, de la cellule il se rend dans le
jardin et, par une porte dérobée, dans la seconde cour. Vaine précaution, la foule le poursuit plus
menaçante que jamais. Le commandant de la milice bourgeoise, M. Mitton, sieur de Harselaines,
accourt à son aide, dut-il le faire au péril de ses jours. A cette vue, un jeune homme vêtu d'un
habit de couleur cendrée, ne peut contenir son dépit, et le prélat reçoit de lui à la tète un coup
d'épée que M. Mlitton était parvenu d'un mouvement à dévier de sa poitrine. Cependant l'évêque
n'est pas le seul que la colère du peuple cherche à atteindre. Au même moment dix ou douze
émeutiers se jettent sur l'abbé Le Febvre, son aumônier, qui n'avait cessé de l'accompagner ; ils le
renversent par terre et. l'accablent de coups. M. Mitton s'empresse auprès de lui et le conduit,
ainsi que l'évêque, dans la cellule du Prieur. Cette fois de plus la foule le suit et à coups de pieds
et de hache fracasse la porte. Cernés de toutes parts, l'évêque et sa suite n'eussent jamais pu
échapper à la furie de cette populace en délire, si Messieurs Mitton et de Saint-Maurice, auxquels
étaient venus se joindre les principaux habitants, n'étaient enfin parvenus à éviter un tel malheur
en leur faisant un rempart de leurs corps.
Les abbés Guillou, Picard, Beaubois et Allard, et le procureur du roi Legrand avaient eu entre
tous, à subir la plus large part à ces sévices. Le vase contenant le saint chrême, enlevé des mains
de l'abbé Le Febvre, avait été l'objet des plus grandes profanations, et les bandelettes violemment
arrachées du front des confirmants sous le prétexte que cette cérémonie n'était qu'un leurre pour
mieux cacher au peuple l'extraction des reliques de la châsse, et cela au grand détriment de la cité.
L'émeute avait duré cinq heures pendant trois desquelles le tocsin n'avait cessé de jeter l'alarme.
Enfin, vers neuf heures du soir, l'évêque et ses prêtres placés au milieu de la garnison commandée
par Messieurs de Saint-Maurice et Mitton, se rendirent de la cellule du Prieur à la citadelle où ils
passèrent la nuit. Le mayeur Enlard et les membres de l'échevinage, qui en cette journée avaient
fait preuve de la plus grande faiblesse en laissant se livrer à la brutalité de ses instincts la
multitude dont ils briguaient sans doute les faveurs, sollicitèrent alors du prélat une audience.
Celui-ci la leur refusa, et le lendemain, avec sa suite, il quittait la citadelle par la porte qui donnait
sur le Val-le-Roy et la campagne, à l'exception d'un de ses domestiques qui, ayant voulu traverser
la ville, fut sitôt reconnu, jeté de son cheval par des habitants qui le rouèrent de coups (19).
L'évêque n'en fait pas mention dans le récit qu'il a laissé de ces événements. Mais si l'on s'en
rapporte à Dom Grenier et au chroniqueur du Boulonnais Dubuisson, au cours de ce soulèvement
il y aurait eu mort d'hommes, et à ce propos ce dernier raconte avec détails la fin de Pierre Calouin,
d'Étaples, et de son frère, fils de Jean Catouin, dit le Fort, que rendit célèbre sa hardiesse lors de la
tentative de reprise du château d'Étaples aux Ligueurs.
Au plus fort de la mêlée, Pierre était armé d'une fourche, et son frère cadet d'une épée. Ils avaient
arraché ces armes aux mains des émeutiers. Pierre serait arrivé assez à temps pour détourner de la
poitrine de M. de Caumartin une arquebuse braquée sur lui, mais dont la balle aurait atteint un des
mutins qui étaient aux prises avec le Gouverneur. La foule comme surprise par ce trait d'audace,
recule un instant et donne le temps au prélat de se trouver un refuge. Mais bientôt elle revient à la
charge, et à leur tour les deux Calouin succombent sous le nombre des assaillants. "Car l'ainé
voyant son cadet tomber à ses pieds, s'élança sur les assassins pour se faire jour jusqu'à une
troupe de soldats de la garde qui accourait au secours du gouverneur. Ceux-ci se voyant pris par
derrière, ne pensaient qu'à la fuite, lorsque Calouin s'acharnant à désarmer deux de leurs
compagnons qu'il venait de terrasser, il en survint un troisième qui lui abattit la tète d'un coup de
cognée (20).
De tels excès ne pouvaient rester impunis. Le mardi 27 juin, du haut de la chaire de l'église Notre-
Dame-en-Darnetal, le chanoine François Roussel, après avoir rappelé les événements de la journée
du 5 du même mois, jetait en ces termes sur Montreuil et ses faubourgs l'interdit suivant résolu au
sein du chapitre et promulgué au prône de la Grand'Messe du dimanche précédent dans l'église
cathédrale d'Amiens par le chanoine Charles Picard :
" ... A ces causes, Nous, au nom du Dieu Tout-Puissant le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et de
l'auctorité et puissance donnée par Nostre-Seigneur Iésus-Christ aux Apostres et à leurs
successeurs, avons déclaré et déclarons tous les autheurs et complices de cet exécrable forfaict
avoir encouru les peines portées par les saints Canons et Décrets contre ceux qui outragent avec
violence les Personnes Ecclésiastiques. Les avons dénoncé et dénonçons excommuniez, et
comme tels retranchez de l'Église de Dieu ; livrons leurs corps à Satan pour sauver leurs âmes : les
déclarons maudits et destinez aux flammes éternelles, s'ils ne viennent à résipiscence : à quoy
nous les exhortons par la Bonté et Miséricorde de Dieu. Et d'autant que ce crime si énorme a esté
coimmis par la pluspart des Habitants de ladite ville, et que la punition doit servir d'exemple, à ce
que l'Église de Dieu ne reçoive cy après de telles injures par ses propres enfants : Avons mis et
mettons la Ville, Fauxbourgs et Habitans dudit Montreüil en interdit, ordonnons de fermer toutes
les Églises séculières et régulières, Chapelles et Oratoires en ladite Ville et fauxbourgs : Défendons
d'y célébrer le Divin office publiquement, soit la Messe ou les Heures Canoniales, d'y sonner les
cloches, d'y enterrer les morts, ny mesmes dans les cimetières desdites Eglises; de donner aussi la
saincte Communion, sinon aux malades comme Viatique : et généralement d'y faire aucun exercice
Divin, si ce n'est le Baptesme des enfans, et l'Absolution des Pénitens, qui n'auront point trempé
dans ce crime. Le tout suivant les saincts Décrets et 1'usage de l'Église en telles rencontres.
Enioignons à tous curez et vicaires desdites Églises et Supérieurs des Maisons religieuses de
garder et faire garder ledit interdit, sur les peines portées par le Droict. Et pour ce que nous avons
receu de grandes assistances des sieurs de Saint-Maurice et Mitton, lesquels ont mesmes hazardé
leurs vies pour défendre la nostre : comme aussi la garnison de la Ville et de ladite Citadelle, au
moyen de laquelle Nous avons, par la Providence de Dieu, esté garantis de ce péril : Afin de leur
donner toute liberté d'y servir le Roy et les tenir en repos de leurs consciences, Nous avons
excepté la Citadelle et la susdite garnison avec lesdits sieurs de Saint-Maurice et Mitton, leur
femme et enfans, de cettuy nostre interdict général, et permettons que ceux de la citadelle oyent la
Messe et reçoivent les Sacrements en la Chapelle (21), et ceux de la Garnison de la ville en l'Église
de Saint-Saulve où la saincte Messe sera célébrée seulement deux fois le jour pour lesdits soldats
; scavoir à sept et neuf heures du matin, les portes fermées, et sans qu'il soit permis à aucun
Excommunié ny interdit d'y assister, ny aux Messes et Service Divin qui se diront en la Chapelle
de ladite Citadelle. Exceptons aussi de cettuy nostre interdit le Cimetière de Saint-Pierre audit
Montreuil où les corps morts de la Garnison de la Ville et de la Citadelle pourront estre enterrez, et
non autres. Voulons que le présent Interdit soit publié et affiché à la porte de l'Eglise Cathédrale
d'Amiens, et de l'Eglise de Nostre-Dame de Monstreüil par le premier Prestre ou Clerc Tonsuré sur
ce requis. Donné à Amiens ce vingt cinquième iour de Iuin mil six cens trente quatre. Ainsi signé
François E. d'Amiens. "
Le jeudi 29 juin, jour de la fête de saint Pierre et de saint Paul, l'évêque fit part au pape Urbain VIII
,des événements qui venaient de se passer et des mesures rigoureuses qu'il avait dû prendre
contre les habitants de Montreuil. " Il vous appartient maintenant, Très Saint Père, d'examiner ce
qui importe à l'Église, lui écrivit-il, autant que vous reconnaîtrez la pureté de notre conduite. Je ne
demande pas qu'à cause de moi Vous traitiez plus rigoureusement les coupables. J'ai déjà fait
remettre la peine par mes larmes auprès du Roi Très Chrétien. Je ne demande pis un châtiment
public, que Votre Sainteté écoute, soit comme Pape, soit comme père, sa bonté naturelle, afin que
si l'énormité de la faute veut que vous soyez sévère, les coupables vous trouvent aussi facile à
pardonner que juste dans la punition. Je vous supplie, par cette charité avec laquelle Votre
Sainteté embrasse tous les chrétiens, et vous conjure, lorsqu'ils auront satisfait à l'Église par une
douleur et un repentir égal à leur faute, de leur accorder l'indulgence du jubilé dont ils ont été
privés par la loi de l'Interdit (22).
La sentence de l'évêque, affichée le dimanche 2 juillet aux portes des églises d'Abbeville (23) et de
tout le diocèse, causa parmi les populations une émotion dont on ne peut que difficilement se
rendre compte aujourd'hui. Les conséquences de l'interdit se firent du reste sentir sur Montreuil
d'une façon tellement rigoureuse que, dès le lundi 24 juillet, maitre François Hurtrel, avocat et
procureur fiscal, et Jean Despretz, procureur notaire et échevin, délégués par l'échevinage, se
rendirent auprès de François de Caumartin pour solliciter de lui la levée de l'interdit. Le prélat les
reçut avec bienveillance, mais aussi il leur déclara qu'avant de prendre une telle décision, il lui
importait d'assembler son chapitre. Le vendredi 28, il réunissait donc dans la salle de son Conseil,
maitres Gabriel de Nau, docteur en théologie, François Barboteau, bachelier en théologie, tous
deux ses vicaires généraux, le doyen du chapitre et les chanoines auxquels étaient venus se
joindre pour la circonstance les chanoines Antoine Dezoteux et Charles Picard, N. de Gomer,
supérieur de l'Oratoire, Jean-Baptiste Joubert, directeur du collège des Jésuites, ainsi que les
supérieurs des Augustins, des Minimes et des autres Ordres religieux établis a Amiens. Le prélat
leur exposa alors en peu de mots la démarche que l'échevinage de Montreuil venait de faire auprès
de lui. La délibération fut longue. Elle aboutit enfin, en attendant de la part des habitants une
réparation éclatante, à une suspension de l'interdit jusqu'au 1er janvier de l'année 1635. Cette
décision fut publiée dès le lendemain en l'église cathédrale d'Amiens par le chanoine Roussel en
présence des Montreuillois qui en reçurent une notification spéciale. Mais contrairement à ce
qu'on eût pu espérer, à Montreuil aucun changement ne s'opérait dans les esprits, et en attendant
un revirement que rien ne faisait encore pressentir, leprésident du baillage de Montreuil, Antoine
de Lumbres, sieur d'Herbinghem, nommé mayeur (24) en remplacement d'Enlard, lors du
renouvellement de la loi, le jour de la fête de saint Simon et saint Jude, dut se rendre avec le sieur
Jean Moullart, sieur du Mottoy, auprès du prélat, alors en son château de Pernois, pour solliciter
de lui une nouvelle prorogation de la suspension de l'interdit. L'évêque accéda à leur demande le
21 décembre, et le samedi 3o, l'abbé Guillaume de Buignye, curé de Villers, délégué par lui à cet
effet, publiait et faisait afficher à la porte de l'église Notre-Dame-en-Darnetal, la décision du prélat
en présence de Jean Hertaut, second mayeur remplaçant M. de Lumbres absent et d'une
nombreuse assistance de Montreuillois, parmi lesquels on distinguait des habitants de Villers, tels
André Barat, Jean Robitaille, Claude Moreau, Louis des Rues, qui apposèrent leurs signatures au
procès-verbal.
La suspension de l'interdit devait prendre fin le jeudi 14 juin 1635, pourtant aucune marque de
repentir ne s'était manifestée parmi le peuple et l'enquête criminelle sur les événements n'avançait
guère, si bien que l'évêque dut saisir de l'affaire l'Assemblée générale du Clergé de France tenue à
Paris. De cette ville néanmoins il prononça une troisième prorogation de la suspension de
l'interdit jusqu'au dimanche 15 juillet, laquelle, accordée le 9 juin, fut publiée dès le 13 par le
chanoine François Roussel, en l'église Notre-Dame-en-Darnetal en présence du mayeur Antoine
de Lumbres, de l'abbé Nicolas Allard, doyen du chapitre de Saint-Firmin, et d'un grand nombre
d'assistants.
Cependant, l'Assemblée générale du Clergé de France tardant à prendre une décision, M. de
Caumartin avait, le 13 juillet, accordé encore un nouveau délai jusqu'au 15 aoùt, ainsi que l'abbé
Allard fut appelé à le publier le 15 juillet, dans l'église Notre-Dame, présents l'abbé Guillaume
Desquillebecq, chapelain de la Charité établie dans cette église, et d'autres témoins. Mais alors
l'abbé de Moustiers et l'abbé de Saint-Josse-sur-Mer, Étienne Moreau, furent chargés comme
secrétaires de l'Assemblée, de l'informer qu'au cours de la séance tenue par cette dernière le 9 août
sous la présidence de Jean Jaubert de Barrault, archevêque d'Arles, il avait été décidé qu'à elle
seule appartenait désormais le soin de ramener le peuple de Montreuil au respect et de lui
prescrire les conditions de l'expiation de sa faute. Par suite ils l'invitaient, pour l'avenir, à ne rien
faire sans le conseil du Clergé de France, dans une affaire qui n'était plus la sienne, mais celle de
toute l'Église.
En ce moment, l'instruction criminelle touchait à son terme. Au prix de mille difficultés l'enquête
avait fait découvrir les principaux coupables. Mais comme satisfaction ne pouvait être donnée à
1'Église avant le 15 août, le mayeur Antoine de Lumbres et François Hurtrel durent se rendre à
Paris pour solliciter de M. de Caumartin un nouveau délai. L'Assemblée générale du Clergé de
France consultée à ce sujet, donna un avis favorable, et le I2, le prélat prorogeait de nouveau la
suspension de l'interdit jusqu'au 8 septembre suivant (25).
Enfin, le jeudi 23 août fut le jour désigné pour la comparution devant la justice des instigateurs
de l'émeute et de ceux qu'ils avaient poussés à la révolte. Mais plus d'un d'entre les plus
compromis, avec la complicité sans doute des habitants, avaient su se dérober par la fuite à cette
humiliation. Aussi de grandes précautions avaient-elles été prises et, la garnison massée autour
du corps de garde de la place Saint-Saulve situé en avant de la mare qui se trouvait vis-à-vis le
portail de la chapelle de l'Hôtel-Dieu (26), se tenait silencieusement sous les armes, lorsque les
coupables qui étaient internés dans les prisons de la ville, furent amenés devant leurs juges,
réunis dans la grande salle de l'hôtel de ville (27) sous la présidence de M. de Miromesnil, délégué
à cet effet.
" A l'étage supérieur de cet hôtel, dit un écrivain qui avait encore connu cet édifice, à l'extrémité
d'une vaste salle, dont les murs et les plafonds noircis portaient encore l'empreinte des désastres
qui cent ans auparavant, avaient été la suite d'un siège long et meurtrier; au sommet d'une estrade
élevée de quelques degrés, et recouverte d'un tapis en lambeaux, on remarquait une table
oblongue, sur laquelle était étendu un tissu de serge verte que le temps avait aussi gravement
endommagé. Plusieurs sièges pliant et sans appui entouraient cette table, qu'on eut prise
aisément pour un monument funéraire, et derrière laquelle on découvrait un autel surmonté d'un
Christ en ivoire (28), dont la couleur jaunâtre se détachait sur un champ noir entièrement foncé.
Quelques banquettes en bois de chêne, destinées aux procureurs et aux avocats, étaient placées
au pied de l'estrade. Derrière ces banquettes, à l'extrémité opposée de l'appartement, une immense
cheminée, dont le chambranle grossièrement sculpté, semble avoir bravé l'injure et les révolutions
des siècles, ouvrait ses larges flancs que garnissaient seulement deux cariatides en bronze, d'un
travail assez remarquable, servant de chenets. Leurs supports allongés étaient prêts à recevoir les
énormes quartiers de bois qui devaient, aux jours rigoureux des hivers, alimenter ce foyer, autour
duquel des générations entières de jurisconsultes et de magistrats étaient tour à tour venues
s'asseoir. C'était dans cette enceinte, destinée aux réceptions d'apparat, aux grandes solennités
administratives que M. de Miromesnil, maître des requêtes et conseiller au Parlement de Paris,
devait prononcer ses jugements (29). "



A l'heure dite, l'audience s'ouvrit. Le Président entouré de ses assesseurs s'assit dans un large
fauteuil placé au centre du bureau judiciaire. Le procureur du Roi du siège d'Abbeville, chargé
des poursuites, occupa une place particulière en face du greffier. Les procureurs et les avocats
garnirent les banquettes qui leur étaient destinées. Les débats commencèrent aussitôt. Ils
aboutirent, après une longue lutte oratoire, à un jugement condamnant à la peine de mort Nicolas
Desgodets, François Pietton, Jean et Jacques Pillet, sentinelles, l'un père, l'autre fils, François
Pécart, appariteur, et François Vrin, linger, tous connus auteurs de la sédition et coupables de
manquer à la comparution ; au bannissement de la Picardie pour cinq ans, Simon Queval et
Laurent Boullongne ; à trois ans d'exil, François Arnoux, Pierre et Jacques Monbailly, frères,
Grisbodart, le jeune, appariteur; à un an de la même peine François de Roussent, le jeune, Jacques
du Vivier, Pierre Dauphin, Pierre Carpentier, le jeune, Guillaume Le Roy, Pascal Choquier, Georges
Ficheux, Antoine Biarré, Jean Calandre, Jacques Calippe, Henri Le Bel, Pierre Bétis, Pierre des
Aigues et Hugues Belart. Les autres prévenus furent condamnés a une amende dont le montant
devait servir, partie à l'acquisition d'une table de marbre à placer à l'entrée de la chapelle du Trésor
de l'égIise Saint-Saulve et destinée à reproduire un sommaire du jugement (30), et partie à titre
d'indemnité, à la mère des frères Calouin (31).
La sévérité de cette sentence ne pouvait qu'émouvoir M. de Caumartin qui avait reçu trois jours
avant le prononcé, une supplique du mayeur de Lumbres et du procureur Hurtrel, par laquelle ces
derniers demandaient qu'il voulut bien, du consentement de l'Assemblée du Clergé de France,
avoir égard à la réprobation que n'avait jamais cessé de témoigner l'élite de la population pour
l'attentat qui avait été commis sur sa personne, et prononcer enfin la levée définitive de l'interdit.
Il leur promit son appui et aussitôt eut recours à la clémence du roi Louis XIII qui, devant ses
instances et celles du mayeur, crut pouvoir accorder pleine grâce aux coupables. " Monsieur
l'évêque, dit le monarque dans ses lettres de rémission, nous ayant de nouveau supplié de leur
pardonner cette faute et de leur en remettre la peine, à ces causes, voulant préférer la miséricorde à
la sévérité des lois et cédant à la prière instante de Monsieur l'évêque d'Amiens de notre propre
mouvement et de notre grâce spéciale, de notre pleine puissance et autorité royale, nous avons
éteint et aboli, nous éteignons et abolissons, par ces présentes, signées de notre main, le crime
sus-mentionné, de quelque manière qu'il soit avenu. Nous restituons aux condamnés tous leurs
biens et leur réputation, et nous imposons à ce sujet un silence perpétuel à nos procureurs
généraux et à leurs substituts, ne voulant pas que ceux qui ont été condamnés à l'amende soient
pour cela notés d'infâmie. Nous ordonnons cependant qu'il soit pris sur les biens des coupables
et payé solidairement par eux, la somme de 6oo livres, dont 200 seront destinées à orner la châsse
de saint Wulphy, dans la chapelle du Trésor de l'égIise Saint-Saulve; 200 seront données aux
religieux dudit monastère pour, par eux, être chanté tous les ans, le 7 juin, et à perpétuité, un
service solennel auquel seront tenus d'assister ceux qui ont été condamnés à perdre la vie ; et afin
que le souvenir de cet événement passe à la postérité, les 2oo autres livres seront employées à
l'acquisition d'une table de marbre qui sera placée à l'entrée de l'église, du côté qui conduit à la
chapelle du Trésor, et sur laquelle sera gravée notre grâce et abolition. Mandons aussi à notre féal
et amé conseiller, sieur de Miromesnil, préposé à la confirmation des jugements dans notre
province de Picardie, à nos féaux conseillers de la Sénéchaussée de Ponthieu et d'Abbeville, de
donner aux condamnés toutes mains levées à ce sujet et de ne point soutfrir qu'ils soient mis en
jugement pour cause des crimes susdits; et afin que la chose soit stable, durable et irrévocable,
nous avons fait apposer notre sceau sur les présentes lettres, sauf nos autres droits et actions.
Donné à Paris... l'an de grâce 1635, de notre règne le 25e (32). "
Mais ce n'était pas assez que justice fut rendue au Roi. Avant que le mayeur de Lumbres et le
procureur Hurtrel obtinssent la levée de l'interdit, ainsi qu'ils en avaient adressé la demande à M.
de Caumartin, dès le 2o août, il importait que les droits de l'Église fussent reconnus, et à cette fin,
une nouvelle suspension de la censure ecclésiastique avait été accordée le 31 août pour tout le
mois suivant. D'abord il s'était agi de faire transporter processionnellement jusqu'à Amiens,
mayeur, échevins et bourgeois de Montreuil en tête, le corps entier de saint Wulphy, quel que fût
le mauvais vouloir de ces derniers. Le comte Charles de Lannoy, gouverneur de Montreuil, se
faisait fort de les y contraindre, dut-il à la moindre résistance, " réduire en poudre " cette ville (33)
pour laquelle pourtant il avait tant fait, témoin la fondation d'un couvent de Capucins, et l'intérêt
que journellement il portait aux orphelins de la cité, dont il devait être un jour le principal
bienfaiteur. Mais des partis ennemis rôdaient alors partout sur la frontière. On craignait qu'ils
n'enlevassent les reliques, les prêtres et toute la procession. Il aurait fallu une armée pour
l'escorter, et le pays était dépourvu de troupes. L'évêque François de Caumartin ne voulut point
recourir à ces moyens par trop rigoureux. Le 20 septembre, de concert avec l'Assemblée générale
du Clergé de France, mais contrairement à l'avis de M. de la Meschinières, archevêque de
Bordeaux (34), il trouva suffisant que l'abbé Nicolas Le Febvre, son aumônier, se rendit à
Montreuil pour y faire l'ouverture de la châsse de saint Wulphy et en retirer quelques portions
des reliques que, précédé de tout le clergé de la ville, des mayeur et échevins et des condamnés, il
transporterait solennellement de l'église abbatiale de Saint-Saulve à celle de Notre-Dame-en-
Darnetal, pour ensuite les remettre aux trésors de l'église de Rue et de la cathédrale d'Amiens. En
outre, une somme de 140 livres tournois fournie par les coupables, devait servir à la célébration
annuelle d'une messe dans la cathédrale le jour de la fête de saint Wulphy, pendant lequel un
cierge de cire blanche du poids d'une livre serait brûlé devant les reliques et près d'une table en
marbre que le mayeur et les échevins de Montreuil s'engageaient de faire placer et où seraient
rappelés les événements.
Le vendredi 28 septembre eut lieu la levée de l'interdit. L'ancien évêque de Boulogne, Victor Le
Bouthillier, coadjuteur de l'archevêque de Tours, assisté de Gabriel de Beauveau, évêque de
Nantes, se rendit comme délégué de l'Assemblée générale du Clergé de France, à l'église Saint-
Saulve où, en présence de Noël Gantois, archidiacre et vicaire général du diocèse de Boulogne, de
François de Thombes, chanoine de cette ville et prieur de Rumilly, de Jacques du Bois, écuyer,
seigneur de Montmoreau, chevalier de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, d'un certain
nombre d'autres témoins, des mayeur et échevins de Montreuil et de la population, le chanoine Le
Febvre, aumônier de l'évêque d'Amiens, revêtu des ornements sacerdotaux, ouvrit la châsse de
saint Wulphy. Les mayeur et échevins lui déclarèrent alors que le corps du saint était à son
entière disposition. Mais l'abbé Le Febvre leur répondit qu'il ne désirait que la partie inférieure de
sa mâchoire pour l'église de Rue et deux parcelles du tibia pour la cathédrale d'Amiens. Alors fut
entonné le chant solennel des Litanies, et devant la foule prosternée, l'abbé Le Febvre porta sur le
maître-autel les reliques qu'il enveloppa dans une étoffe précieuse. Puis, précédé de tout le clergé
de la ville, des représentants de tous les ordres reli-ieux, d'une foule compacte où figuraient en
première ligne M. de Lumbres entouré des échevins, M. de Miromesnil, qui avait rendu la
sentence, et les coupables qui par des cris et des pleurs témoignaient de leur repentir, il se rendit à
l'église Notre-Dame-en-Darnetal où il déposa les reliques sur le grand autel. Là, fut prononcé le
panégyrique de saint Wulphy, et après le chant des hymnes qui lui sont propres, l'abbé Le Febvre
prononça d'une voix vibrante la levée de l'interdit par l'évèque d'Amiens. A son tour, le
coadjuteur de l'archevêque de Tours prit la parole et, dans une chaude et éloquente allocution, fit
ressortir la présence et la clémence du premier pasteur du diocèse.
Le mercredi 1o octobre, l'abbé Le Febvre remit les reliques destinées à l'église de Rue à l'abbé
Jacques Fortel, curé de cette paroisse, en présence encore du coadjuteur de l'archevêque de
Tours qu'entouraient les abbés François de Tombes, prieur de Rumillv, et Ambroise Voisin,
aumônier du coadjuteur, Arthur de Aloreuil, écuyer, M. de Caumesnil, gouverneur de la place de
Rue, Louis de Lemours, mayeur, Nicolas Beaubois, André Carpentier, Claude Brillart, André
Longuet, Antoine Gale et Jeai Dolet, échevins, et Jean Legrand, procureur du Roi.
Enfin le lundi 22 octobre, l'abbé Le Febvre, arrivé au terme de sa mission, déposait la part des
reliques de saint Wulphy, réservée pour la cathédrale, à l'église paroissiale de Saint-Jacques
d'Amiens où Pierre de Louvencourt, doyen du chapitre, précédé de la châsse de saint Domice, du
clergé et des communautés religieuses de la ville, vint en prendre possession et les remit au
chanoine de semaine, maître Charles Picard, qui; dit La Morlière, les porta de là " dans un plat
d'argent richement couvert d'un voile, en l'église Nostre-Dame, où la messe du sainct fut chantée
". Puis, ces " reliques baisées à nud par les habituez en l'église (35) ", furent placées dans la
chapelle de la Trésorerie en présence d'Augustin de Louvencourt, archidiacre d'Amiens, du
chanoine du Bos, archidiacre de Ponthieu, d'Alexandre le Clerc, prévôt du chapitre, d'Antoine
Fournier, écolâtre, de Guillaume de Bécourt, pénitencier, de Gabriel de Nail, théologal, et des
chanoines Mathieu, Guillou, Adrien de la Morlière, François Barboteau, Jacques Scaurion,
Boulanger, Nicolas de la Herte, Le Vasseur, Babaute, Charles Benoise, Guillaume Lucas, de la
Corde, J. Callan, Claude le Clerc, du Fresne, Louis de Hangest, Langlois, Nicquet, Adrien Picard et
Pierre Wattebled (36). Au-dessus on accrocha un tableau commémoratif ainsi décrit par Pacès : "
Mgr de Caumartin, vêtu d'une belle chappe d'étoffe cramoisie à grandes fleurs d'or, est peint à
genoux sur un prie-Dieu devant la petite chasse des reliques de saint Wulphy. L'aumônier et le
chanoine de ce grand évèque, appelé M. Lefebvre, ou plutôt M. Mahieu Guillou, chanoine et
aumônier de Mgr de Caumartin, est représenté en pied, vêtu d'un surplis, et, au bas de ce tableau,
on voit l'écu des armes de Mgr de Caumartin qui porte burelé d'argent et d'azur de dix pièces (37).
"
Ainsi se termina cette malheureuse affaire dite de l'interdit, à la suite de laquelle M. de Caumartin
avait songé un instant à échanger son évêché pour celui de Lisieux (38). Le calme qui résida a
l'expiation de ce fâcheux évênement par les Montreuillois ne put que le réjouir, ainsi qu'il résulte
du reste de la lettre suivante qu'il adressait au Souverain Pontife, le 21 décembre :
" Au Très Saint Père, maître en Jésus-Christ, Urbain VIII, souverain pontife,
baisement très humble des pieds.

" On n'a pas dù cacher plus longtemps à Votre Sainteté avec quelle allégresse Montreuil a expié
depuis peu la faute dont je Lui ai donné connaissance l'année dernière. Il est juste de rapporter
les joies de tous à Celui dont les soins et la sollicitude ont tous en vue. Certainement cette
nouvelle Vous sera très agréable, puisque Vous avez plaint notre sort auparavant. Vous verrez
avec satisfaction plusieurs pêcheurs faire pénitence, et Vous Vous réjouirez en bon pasteur de ce
que les brebis sont enfin rentrées au bercail. Ici l'on considère avec joie la justice et la piété
singulière du Roi Très Chrétien, incomparable par sa vertu et Sa Majesté, qui, au milieu des
guerres, a tellement accordé la sévérité et l'indulgence avec la cause de l'Église, qu'il a cru de la
gloire de son Empire, de donner à l'Église toute satisfaction. Je ne doute pas que Votre Sainteté
n'approuve avec le plus grand plaisir le zèle que le Clergé de France a mis dans la défense de
Notre dignité, en ne cessant point de tenir des assemblées jusqu'à ce que par considération de
son ordre et par ses prières réitérées au plus juste des rois, le peuple ait été rappelé à l'obéissance
due à l'Épiscopat. Béni soit le Seigneur qui a fait miséricorde à ses serviteurs, et n'a pas permis
que le troupeau fùt séparé et retranché du bercail. Pour Moi, Très Saint Père, je jouirai de la
satisfaction intérieure du service que j'ai rendu, si j'apprends qu'il a reçu Votre approbation. Que
N.-S. J.-C. conserve Votre Sainteté à l'Église.

A Paris le 12 des calendes de janvier, l'an du Salut 1635.

" De Votre Sainteté
l'indigne et très humble serviteur,
FRANÇOIS, Év. D'Amiens (39). "

Les Montreuillois continuèrent de manifester envers les restes de saint Wulphy, dont Louis XIII
reçut de l'évêque une parcelle à la suite de son séjour en Picardie où l'attiraient les opérations du
siège d'Hesdin en 1639 (40), une piété qui, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, se maintint aussi vive
que lorsque les religieux de Saint-Saulve portant sur leurs épaules les chasses de leur trésor à
travers la province, allaient susciter les largesses des populations pour le relèvement de leur
église effondrée à la suite d'un tremblement de terre (41), ou bien aussi implorer du ciel la
cessation de quelque calamité.
Pas plus que les autres de l'ancien trésor de Saint-Saulve, la châsse de saint Wulphy, "couverte
d'une lame d'argent avec des figures aussi en argent ", au nombre de huit, ne fut épargnée le 3o
septembre 1793, lors de l'auto-da-fé organisé sur la Place d'Armes par le représentant André
Dumont, de concert avec le citoyen Lebas et quelques autres énergumènes. Mais du moins les
ossements du saint que de pieuses mains en avaient extraits auparavant, échappèrent aux
recherches, et ceux-ci reposent encore dans une grande châsse en bois qui fait partie du
remarquable trésor de l'église Saint-Saulve(42).




















Notes :

(1) Mabillon, Acta Sanctorum ordinis sancti Benedicti, II, 179 ; Malbrancq, De Morinis, I, 355 et
suiv.; Louandre, Histoire d'Abbeville et du Comté de Ponthieu, II, 33 et suiv. ; ms. 16, XVe siècle
de la bibliothèque de Lille cité par M. de la Fons de Mélicocq dans la revue La Picardie, 1857.
Enfin, qu'il nous soit permis de mentionner ici la charmante Légende de saint Riquier que vient de
nous dédier notre ami M. Henri Potez dans son recueil de vers intitulé : Jours d'autrefois (Paris,
Lemerre, 1895).
(2) Simon Martin, Vie de saint Wulphy, Paris, 1636, in-12.
(3) Dans son Histoire des Croisades (t. 1, 447, édit. de 1867), Michaud rappelle le pèlerinage de
saint Wulphy en Terre Sainte.
(4) Ce qui porte à croire que l'atterrissement eut lieu aux environs de Waben, c'est que de temps
immémorial, le jour où les religieux de Saint-Saulve exposaient sous une tente les reliques de saint
Maclou sur le grand marché, les mayeur et échevins de Waben venaient veiller à ce qu'elles
fussent fidèlement réintégrées dans la trésorerie de Saint-Saulve. A cette occasion, "
messeigneurs de la ville " de Montreuil étaient " accoustumés "de leur" faire présent de quatre
quennes de vin." Le Livre de la fourme ordinaire que ont à faire tenir et maintenir messeigneurs les
maires et eschevins de la ville de Monstroeul, du long de l'an 1435,ms. de la bibliothèque de M.
Ch. Henneguier.
(5) Bollandistes, juin II, 31 et suiv. ; Malbrancq, op. cit. II, 31-35, 333-4; P-. Ignace, Histoire
ecclésiastique d'Abbeville et de l'archidiaconé de Ponthieu, 426 ; l'abbé Corblet, Hagiographie du
diocèse d'Amiens, IV,l04.
(6) Louandre, op cil. Ir, 499.
(7) Malbrancq, op. Cit
(8) Une des principales réserves faites par les religieux était que les heures de leurs offices ne
coïncidassent point avec les leurs. Ainsi les églises paroissiales ne devaient-elles, sous peine
d'une amende de 3 sous, sonner leurs vêpres qu'après celles de l'abbaye. Les marguilliers de
l'église Notre-Darne s'étant, certain jour, avisés de violer cette prescription, l'abbé de Saint-Saulve,
pour rappeler son droit, envoya son trésorier saisir l'un des livres d'offices de l'église pour servir
de gage jusqu'au paiement des 3 sous. Mais ce ne fut point sans difficulté, les marguilliers
Guillaume Hourdel et Jehan de Cocquerel opposèrent la plus vive résistance, il y eut tumulte et
finalement mort d'homme, 1419, 28 avril. Cartulaire de Saint-Saulve.
(9) Cartulaire de Saint-Saulve.
(10) L'église Saint-Wulphy ne fut point détruite sous Louis XIII comme l'ont dit Louandre (II, 5oo)
et l'abbé Corblet, elle fut attribuée aux Carmes, auxquels le Mayeur donna l'autorisation de
supprimer la ruelle "qui perce dans la petite rue le long des murs du jardin de Saincte-Austreberte,
qui estoit anciennement le cimetière Saincte-Austreberte ", pour y accoler au moyen d'une
construction nouvelle, l'ancien hôtel des sires de Nlontcavrel que leur avait donné Jean de
Monchy, gouverneur d'Étaples. Par suite "le grand portail de lesglise" Saint-Wulphy fut
supprimé, et l'on orna de la statue du saint le portail latéral de l'église Saint-Saulve. Cette statue
est la seule avec une autre vraisemblablement d'un duc de Bourgog,ne, qu'on vit longtemps
déposée dans le jardin de l'hôtel de ville, qui ait été conservée intacte de toutes celles des églises
de Montreuil. Elle montre le saint revêtu des habits sacerdotaux et tenant un ciboire, tel que le
représente une miniature du cueilloir de 1477 appartenant à l'Hôtel-Dieu. En 1874, le sculpteur
Sturne, de Saint-Omer, l'a reproduite lors de la restauration de la chapelle de cet établissement,
que, suivant une ordonnance de Guillaume de Macon,évèque d'Amiens, datée du jeudi avant la
fête des Rameaux 128o, le curé de Saint-Wulphy avait été chargé de desservir bien que l'Hôtel-
Dieu dépendît de la paroisse Saint-Waloy. L'église Saint-Wulphy datait vraisemblablement des
environs de l'an mille. La première pierre de celle encore existante fut posée par Ciuillaume de la
Pasture, abbé de Saint-Saulve, le 18 février 1492. Le choeur de cet édifice a été dessiné par Ph.
Blanchard dans les Bagages pittoresques du baron Taylor. C'était la paroisse des lépreux qui
habitaient certain quartier encore dénommé rue Saint-Wulphv,mais plus communément désigné
sous le nom de rue des Poux-Volants. Les lépreux avaient leur place spéciale à l'église, le clerc leur
donnait l'eau bénite au bout d'un bâton et ils ne participaient pas au pain bénit. Ils recevaient la
paix avec la croix de bois. Ferry de Beauvoir, évêque d'Amiens, un jour qu'il officiait à Saint-
Wulphy, voulut entrer et sortir par la porte réservée à ces malheureux, et afin d'affaiblir le
sentiment de crainte qui empêchait d'y passer, il fit graver ces mots: Ibsit,gloriari nisi in Cruce
Domini! Une lettre ornée du manuscrit de l'Hôtel-Dieu précité représente au chapitre de Saint-
Wulphy une tète de chien couverte d'une coiffe de lépreux. Archives hospitalières de Montreuil;
Gallia Christiana, x ; Cartulaire de Saint-Saulve; baron de Calonne, Dict. hist. et archéol. du Pas-de-
Calais, .Montreuil, 379.
(11) Bollandistes, juin II, 32 ; P. Ignace, Hist. ecclés., l'abbé Corblet, op. Cit. IV, 104. Les élections
du baillage de Montreuil aux États généraux de 178o eurent lieu à l'ancienne église Saint-Wulphy,
qui, après avoir longtemps servi de dépôt d'artillerie, est à présent à usage d'école de dessin et de
musique, de magasin de pompes à incendie, etc.
(12) Lefils, Histoire de la ville de Rue, 291.
(13) Soyez, ,Notices sur les évêques d'Amiens, 204 ; Archives Nationales, ,Acquits de l'épargne, J
96o, n° 72.
(14) Dubuisson, Journal historique du siège de Boulogne sous la Ligue, Notes p. 56, ms. de la
Bibliothèque communale de Boulogne.
(15) Acta Monstroliensis interdicti ad Urbanum VIll pontificem maximum. Lutetiae, apud Antonium
Vitray Regis et Cleri Gallicani typographum, 1636, p. I-3.
(16) L'abbé Haigneré, Mémoires anecdotiques et historiques de Pierre Maslebranche, chapelain de
la ccithédrale de Boulogne,1619-35, p. 563-4 du tonie II du Bulletin de la Société accadémique de
Boulogne.
(17) M. de Caumartin en disant que les reliques de Saint-Wulphy n'avaient été déposées à
Montreuil par les habitants de Rue que depuis environ deux cents ans (Acta p. I), allait à
l'encontre des assertions de tous les auteurs et de la tradition. Il fondait sans doute son opinion
sur la date de la translation des restes du saint dans une nouvelle chasse en 1435.
(18) L'abbaye de Saint-Saulve était située sur les fondations de l'hôtel de ville actuel, construit en
1818 d'après les plans de M. Letombe,architecte à Arras.
(19) Acta, , 4-9.
(20) Dubuisson, rns. pr. de la Bililiothèque de Boulogne.
(21) La chapelle actuelle de la citadelle, à présent à usage de magasin, ne date que de 1764.
(22) Acta, 19-20
(23) Biron Tillette de Clermont-Tonnerre, Chronique abbevilloise manuscrite, 1619-54. grâce à
l'obligeance de M. Roger Rodière, nous sommes heureux de pouvolr donner ici, réduit du quart, le
fac-similé d'un de ces placards aujourd'hui d'une excessive rareté.
(24) Le mayeur de Lumbres représenta dans la suite la France comme ministre plénipotentiaire ou
ambassadeur auprès des Electeurs de Brandebourg et de Saxe, de l'Assemblée de Francfort et de
la Cour de Pologne. Il mourut le 14 mars 1676 à Longvilliers, dont il avait acquis la seigneurie le 21
mars 1669.
(25) Acta, 20 et suiv.
(26) La mare, supprimée en 1852, et le corps de garde, quinze ans plus tard, occupaient
l'emplacement du square établi depuis devant l'Hôtel-Dieu.
(27) L'hôtel de ville situé en face de l'abbaye de Saint-Saulve, occupait l'emplacement des maisons
portant les n° 3 à 9 de la place Saint-Saulve. Le 10 octobre 1458, la ville de Montreuil se reconnaît
redevable envers l'abbaye, d'une rente de 19 sols 5 deniers pour divers ténements, entre autres "
pour la maison qui fut anchiennement la maison de Jehan Paste où soloit estre l'eschevinage de
ladite ville et où est à présent la maison du Beffroy, les prisons derrière et le jardin dudit
eschevinage. Item, pour la salle devant dudit eschevinage joignant à l'ostel d'Arras. " Cartulaire de
Saint-Saulve.
(28) Cet autel eut son chapelain jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
(29) Michel Braquehay, L'Interdit, chronique Montreuilloise, 89.
(30) Acta, 32-36.
(31) Bibliothèque communale de Boulogne, ms. de Dubuisson.
(32) Acta, 32-36; et Michel Braquehav, op. Cit. 126-28.
(33) Louandre, op. cit., II, I82.
(34) Bollandistes, juin II, 32.
(35) La Morlière, Les Antiquitez de la ville d'Amiens, et Soyez,,Notices sur les Évêques d'Amiens,
215.
(36) Acta, 42-51.
(37) Manuscrits de Jean Pagès, publiés par M. Louis Douchet.
(38) Ed. Soyez, ,Notices sur les Évêques d'Amiens, 215.
(39) Acta. I-II ; Michel Braquehay, op. cit.I 35-6.
(40) Soyez, op. Cit.
(41) Bibliothèque de Boulogne, ms. de Dom Ducrocq.
(42) Archives du Pas-de-Calais, l'abbé Corblet, op. cit. IV, 103 et chanoine Van Drival, Inventaire
des objets d'art conservés dans le Trésor de l'église de Montreuil-sur-Mer, t. IV, 242 du Bulletin de
la Commission des antiquités du Pas-de-Calais.




Montreuil-sur-Mer. Imprimerie N.-D. des Prés.
ERN. DUQUAT, directeur.