MONTREUIL-SUR-MER


L'HOSPICE NOTRE-DAME

LE BÉGUINAGE ET LE COUVENT DES SOEURS GRISES



I

DANS un article paru dans le tome 1er du Cabinet historique,nous avons avancé, d'après le dire de M. Charles
Henneguier (Notice sur l'Hôtel-Dieu, 1855), reproduit par M. le Baron de Calonne (Dictionnaire historique et
archéologique du Pas-de-Calais),
que les bâtiments actuels de l'école communale de filles étaient ceux de l'ancien
hospice Notre-Dame.
L'examen de quelques anciens plans de la ville nous a mené à rectifier cette assertion. L'hospice Notre-
Dame,maison des soeurs de la Providence au moment de la Révolution, se trouvait au numéro 16 de la rue de la
Chaîne que nous pensions être le couvent des soeurs grises, et celui-ci occupait tout le côté ouest de la place Saint-
Walloy ainsi que l'emplacement actuel d'une maison et d'un jardin de la rue de la Chaîne.
Nous profiterons de cette rectification à notre travail pour compléter les données historiques que nous avions sur
l'origine de l'hospice Notre-Dame à l'aide de documents extraits du cartulaire que les mayeurs et échevins de
Montreuil firent rédiger vers la fin du XVIe siècle, et aussi pour reproduire quelques détails trouvés depuis dans les
ouvrages de nos historiens locaux.
L'hospice Notre-Dame parait avoir été fondé par la ville en 1346 ou au plus tard au commencement de l'année
1347, les lettres du pape Clément VI et du roi Philippe de Valois données en sa faveur et mentionnées plus loin,
étant datées des mois de juillet et octobre de cette dernière année.
La donation de Jehan Cécile est de 1349. « Le samedi nuit de Pasques fleuries 1349 » Jehan de Hocquélus, bailli
d'Enguerrand de Liannes, chevalier, seigneur de Beaurain en partie, déclare que « le dît Jehan estant en son lict
mortel » a légué « à lhospital Dieu de nouvel fondé en la ville de Monstreul et lequel appartient à la dite ville,
pour la sustentation et gouvernement des pouvres membres de Jésus-Christ qui audit hospital seront hébergiés...
deux muids de grains de rente c'est assavoir huit septiers de bled, huit septiers de baillard et huit septiers
d'avoine » sur les biens que les religieux de Dommartin possédaient à Tigny.
Les lettres de fondation d'une chapelle à l'hospice Notre-Dame données par l'évêque d'Amiens Jehan Avantage,
natif d'Étaples, sont de 1355. En voici l'analyse :
«Lettres de Jehan, evesque d'Amiens par lesquelles, en vertu d'une bulle du pape Clément, datées d'Avignon le
6e des calendes de juillet de l'an V de son pontificat, conformément à une lettre du roi Philippe datée de Saint-
Christophe en Halate au mois d'octobre 1347, ledit evesque d'Amiens déclare ; « Nous donnons la permission et
licence de l'auctorité susdite en ce qui concerne l'augmentation du lieu divin et le salut des ames de nos sujets, comme
c'est nostre devoir pastoral, de battir, construire et dotter ladite chapelle et la fonder dans ledit hospital ou maison de
Dieu de ladite ville commandons et ordonnons, du consentement desdits maieur et eschevins, que, dans ladite chapelle,
y soit mis un chappelain ydoine, lequel nous sera présenté par lesdits maieur et eschevins lorsqu'il arrivera que ladite
chapelle sera vacante, lequel célébrera ou fera célébrer la messe tous les jours par un chappellain ydoine excepté le
jour du dimanche. Pour la substentation du vivre dudit chappellain, lesdits maieur et eschevins ont assigné à ladite
chapelle pour lesdits chappellains trente livres de renvoy annuel perpétuellement à prendre sur les esdifices, maisons et
autres choses icy en bas desclarées et leur ont résigné et renoncé au proffict de ladite chapelle, sauf le droict de
l'esglise paroissiale du lieu et toutes aultres, lesquelles choses et aultres sont faictes dans les lettres desdits maieur et
eschevins de leurs propres sceaux desquelles la teneur est telle. » Suit la lettre des maïeur et eschevins où sont
énumérées les diverses rentes composant la somme de 30 livres parisis de rente qui seront affectées à la sustentation
des chapellains de ladite chapelle et dans laquelle ils se réservent la présentation touttefois que le cas y escherra. Le
23 septembre 1355, en la présence de maistre Jehan d'Orléans, chanoine de Thérouanne, et maistre Pierre Bourdon,
chanoine de Poitiers.
Les bâtiments de l'hospice Notre-Dame, abandonnés après le siège de 1537, ne furent mis à la disposition des
Carmes par le mayeur qu'à la suite du « feu advenu par meschef » qui détruisit le couvent et l'église de ces
religieux le 26 juillet 1553. Pour le rétablissement de leur maison, par lettres patentes du 16 avril 1554, Henri
II leur fit don « des combles, thuilles, boys, plombs, pierres, huys, fenestres, portes et tout ce qu'ils
trouveront, dit le roi, dedens noz logis des fortz d'Oultreau et de Chastillon lez Boullongne et es granges
despendantes d'iceulx, que nous faisons desmolir (1) » ; mais ils ne se hâtèrent pas de la relever sur un
terrain qu'ils avaient acquis de Robert Gorguette si bien qu'en 1598, le mayeur dut les y contraindre (2).
Ils s'établirent alors dans l'hôtel des anciens sires de Brimeux passé depuis un siècle entre les mains des sires
de Montcavrel et que leur donna Jean de Monchi, gouverneur d'Ardres et d'Étaples, époux de Marguerite de
Bourb[on-] Rubempré et père de Madeleine et de Charlotte-Cécile de Monchi, abbesses de Sainte-Austreberte.
Toutefois les classes des Carmes, désignées dés lors sous le nom de collège, furent maintenues à l'ancien
hospice Notre-Dame jusque vers l'année 1721, époque où ces religieux les transférèrent dans un bâtiment de
leur couvent qu'ils avaient obtenu de construire en empiétant de quelques pieds sur le flégard moyennant une
censive envers la ville d'un bouquet de fleurs et d'un goblet de cristal payable chaque année au retour de la
procession. du Saint-Sacrement (3).
En 1724 seulement, l'hôtel Dieu Saint-Nicolas entra en possession définitive de l'ancien hospice Notre-Dame
sous la condition expresse que la ville pourrait y laisser ou y rétablir son collège moyennant une redevance
annuelle de 20 sous.
Ce fut sous cette charge sans doute que, sur l'initiative de Mgr d'Orléans de la Motte, évêque d'Amiens, il s'y
installa, en 1737, une école gratuite de filles dirigée par des soeurs de la Providence (4). Le 12 août 1738, Louis
Boudou, procureur du Roi près de l'échevinage, versa à la communauté de Rouen une somme de 3,500 livres
Pour l'entretien d'une sœur, et l'avocat Pasquier de la Cressonnière, par ses libéralités, mérita d'être considéré
comme l'un des principaux bienfaiteurs de cette institution. Sœur Dubus la dirigeait en 1755. Un état des
établissements divers de la ville dressé en 1765 constate l'existence dans cette maison de trois soeurs et d'une
domestique (5). Une sœur Delvallée, qui fut remplacée par la sœur Cocquerel, tenait encore école vers 1820
dans l'ancien hospice aujourd'hui simple maison particulière.

II

Lorsque, le 14 décembre 1465, Guillaume Le Rat, procureur au baillage de Montreuil, et Perrine Danel, son
épouse, firent don à l'hôtel Dieu Saint-Nicolas de cette ville d'un fief consistant en 25 septiers et une mine de blé
à prendre chaque année sur la cense de Brunehautpré appartenant aux religieux de Saint-André au Bois, ils
réservèrent, sauf à les « venir quérir audit hospital, » deux septiers de blé en faveur des « Soeurettes » et autant
en faveur des « Béguines » établies à Montreuil.
Cette condition des donateurs, reproduite dans un état des revenus de l'hôtel-Dieu en 1477, suffit pour prouver
l'existence simultanée de ces deux couvents de femmes, malgré ce qu'on a pu croire jusqu'à présent. (Dict.Hist.
et archéol. Du Pas-de-Calais, Montreuil, p. 371).
Du béguinage, qu'habitaient des religieuses de l'ordre de Sainte-Gertrude de Nivelle, le passé est complètement
inconnu. Ce que l'on peut seulement avancer, d'après un compte dressé par l'argentier Louis le Vallois le jour de
saint Simon saint Jude 1547, c'est que l' « hostel du Béguinaige » ou « maison de Béguines » situé près de la rue
d'Embry, devant la Guyhalle, paroisse Saint-Jacques du Martroy, se trouvait alors « en la main de la ville et de
présent en non valloir » c'est-à-dire abandonné sans doute depuis le siège de 1537 et la construction de la
nouvelle enceinte qui amena un bouleversement complet dans cette partie de la ville (6).


III

L'histoire du couvent des soeurs noires, plus tard dit des soeurs grises, est un peu mieux connue que celle
du béguinage, le Cartulaire de Montreuil précité renfermant tout au moins une analyse de l'acte de fondation de
cette maison. Ainsi ce document apprend-il qu'au cours des maladies contagieuses qui désolèrent si souvent la
contrée, l'échevinage de Montreuil fit appel au dévouement des religieuses de Sainte-Catherine, du Tiers-Ordre
de Saint-François, établies à Saint-Omer pour secourir les malades à domicile et notamment les personnes
atteintes de la peste qui, transférées dans les établissements hospitaliers, auraient pu y introduire la contagion et
augmenter le mal au lieu de le diminuer. Les détails consignés dans ce titre sont trop intéressants pour ne point
trouver ici leur place.

(1)D'Hauttefeuille et Bénart, Hist. de Boulogne, t. 1, p. 287 et Archives hospitalières de Montreuil
(2) Archives des hospices et Dict. hist. et archéol. du Pas-de-Calais.
(3) Archives des hospices. - E. Charpentier, Coutume du paiement des censives dues à l'hôtel à ville de Montreuil, p. 18, et Cabinet hist. de
l'Artois et de la Picardie,
t. V, p., 141.
(4) Archives des hospices. - Le Cabinet hist. de l'Artois et de la Picardie, t. II p., 322.
(5) Almanach de Picardie, 1755 et Etat dressé par M. dg Nezot, ingénieur en chef de la place de Montreuil.
(6) Archives des Hospices



« Les maieurs et eschevins de Monstreul sur la Mer, conformément à une délibération antérieure du 6 mars 1457 « et
comme à l'occasion des maladies contagieuses, morts soudaines et autres maladies et mortalités, qui, le temps passé,
ont esté en ladite ville de Monstreul ès villes et païs voisins, et des inconvéniens qu'a ceste cause sont advenus,
décident, pour augmentation des œuvres de miséricorde et charité, qu'il faut establir en ceste ville un convent de noires
soeurs et religieuses de pareille vie, religion et estat que sont celles qui, de bien ancien temps, sont demeurantes en la
ville de Saint-Omer en la paroisse de Sainte-Aldégonde en la rue que on nomme la Lombardie, en l'hostel qu'on dit
cellui des noires sœurettes de Saint-François, pour icelles sœurettes vivre en icelle vie de Monstreul en estat de
mendicité, en tenant vie de religion et les trois vœux à ce appartenant, et pour en iceluy estat, faire jeunes, abstinences,
oroisons, prières et autres bienfaits pour le corps et habitans de ceste ville, et pour visiter, conforter, servir et
admonester du salut de l'ame les personnes malades qui sont et seront le temps advenir en icelle ville tant les pauvres
comme les riches en la vie et à la mort, et par espécial au. temps que lesdites morts soudaines, empédimies
contagieuses auront cours en icelle ville, » - Tous estoient d'avis de les faire venir, et Jelian de Bours, advocat, avoit
naguère donné à cet effet un lieu situé en la paroisse de Saint-Walloy. - « Et que, en prime face, il y auroit en ladite
maison jusqu'au nombre de treize sœurettes et, eu après, autre nombre plus grand tel qu'on verroit estre expédient, et
que le corps de ladite ville seroit foncteur principal d'icelles sœurettes et prendroit la ville la charge de la conduite des
esdiffices, ouvraiges et aultres choses à elles nécessaires et que, pour ce entendre, leur seront commis par ladite ville
chascun an deux ou trois personnes eschevins ou conseillers de la ville ou autres personnes notables. Et en outre avoir
esté délibéré et conclud que, pour parler de ceste matière à monseigneur l'évesque d'Amyens, comme diocésain, à
messieurs les religieux, abbé, et convent de Saint-Saulve, comme patrons du lieu où l'on vouloit loger lesdites
sœurettes, et à maistre Jehan Postel, curé de Saint-Walloy, et pour ce avoir leur consentement et accord, seroient
commis aucuns desputez notables personnes, eschevins, conseillers et habitans de ladite ville, ce qui a esté faict, et
tous lesquels se sont libéralement à ce consentis et accordés pour le bien et utilité de ladite ville et des habitans d'icelle.
Depuis lesquelles choses ainsi faites, nos dicts prédécesseurs eussent encore envoyé certains leurs députez et rescrit
lettres closes au maieur et eschevins de Saint-Omer, à maistre Jehan Advisse, à maistre Chrestien Levasseur, curés
de Sainte-Aldégonde, et à la maistresse desdites sœurettes de Saint-Omer, pour les amener en ceste ville pour
commencer ledit couvent et religion, et pour instruire et renseigner les autres jeunes femmes qui voudroient entrer en
ladite religion et vie de dévotion, ce qui a esté, accordé aux desputez de nos dits prédécesseurs tant par lesdits maieur
et eschevins de Saint-Omer comme par lesdits curés de Sainte-Aldégonde et maistresse desdites sœurettes de Saint-
Omer. » Et depuis « sont venues pour ceste cause, en ceste dite ville, quatre desdites sœurettes dont la principale, et la
plus ancienne est nommée sœur Flour de Werchin à intention de commencer ledit convent de sœurettes. Cejourd'hui,
conformément aux décisions précédemment prises, nous avons receu, au nom de la ville de Monstreul, lesdites quatre
sœurettes venant de Saint-Omer, et les avons mises et logées, et mettons et logeons dans ladite maison à ce donnée
par le passé à icelles " sœurettes de s'installer dans la ville de Monstreul d'après une, bulle du mois de Janvier 1458. Et
en outre pour ce que lesdites sœurettes par la contemplation et la visitation desdits malades, ne peuvent bonnement
gaigner leur vie, ne elles entretenir de leur labeur, et aussy que leur estat est de mendier et de quérir leur vie par
aumosne, nous leur avons donné et leur donnons licence et auctorité de congé de demander les aumosnes du peuple,
de faire queste par ladite ville doresnavant, touttefois, en tel lieu et par telle manière que bon leur semblera, et à la
discrétion de nous maieur, eschevins et de nos successeurs. » - Les maieurs et eschevins s'engagent à protéger à
tousjours les sœurettes et ils se réservent la justice et seigneurie sur leur tenement. Fait le 2 may 1459. »
Le vocable de Saint-Julien le Pauvre, donné au couvent des soeurs noires, porterait à voir dans cette maison la
continuation. du petit hospice de Saint-Julien situé aux portes du château vers la Madeleine, comme
l'établissement de l'hospice Notre-Dame fut celle de l'hospice Saint-Julien de Beaumerie dont il jouit des biens.
Pendant plus d'un siècle, les documents semblent faire défaut sur le couvent des soeurs noires, bientôt appelées
soeurs grises à cause sans doute du changement de couleur de leur vêtement survenu à la suite de la révision de
leurs statuts. On voit seulement que des membres de hautes et puissantes familles y durent prendre le voile, telle
fut Jeanne de Monchi, fille de jean de Monchi, seigneur de Montcavrel, maître d'hôtel du roi, mort à la bataille de
Ravenne en 1512.
Nous relèverons aussi dans quelques feuillets d'un ancien livre journalier en notre possession, certaines donations
faites en faveur des soeurs grises. Ainsi Pierre Baillet, constitue une rente de quinze livres par acte du 5
décembre 1574 passé devant maîtres jean Poullet et Jacques Belart, notaires à Montreuil. De même, en 1586,
Marguerite de Vaudricourt, veuve du baron d'Ordre, lègue six livres vingt sols de rente à la communauté. Les
six livres de rente, à percevoir sur la maison de la Vignette le jour de la saint Jean de chaque année, furent
remboursées le 29 Mai 1636 par Antoine Paques, et les vingt sols, payables au terme de Noël, par Henri Heuzé,
écuyer, seigneur de Hurtevent, lieutenant général du bailliage de Montreuil, en octobre 1663.
Le 22 février 1608, Henri IV accorde dix livres aux Cordelières de Montreuil. La sœur Gueudré reçoit ce don
qui leur est fait « en faveur de pitié et aulmosne pour les ayder à vivre » des mains de Vincent Bouhier, sieur de
Beaumarchais, conseiller du roi, trésorier de son épargne (7).
Le 4 janvier 1615, sœur Françoise Sallé créa une rente de dix livres par acte passé devant Mes de Lengligne et
Postel, notaires à Montreuil, « à la charge de dire vigille et commendace, un service à diacre et à soubs diacre,
deux sierges sur l'autel et quatre à lentour de la représentation, tous les ans au jour de son trespas. »
Il serait difficile de dire, même approximativement, quelle pouvait être l'importance des dots exigées des jeunes
personnes qui se destinaient à faire leur profession religieuse au couvent des sœurs grises de Montreuil. On voit
toutefois qu'elles devaient constituer une des principales sources de revenu de cette maison, certaines de ces
dots s'élevant jusqu'à la somme de 300 livres de rente annuelle. Aussi contribuèrent-elles bien certainement à
faciliter aux sœurs l'achat , le 11 octobre 1633, de l'hôtel des Rats que bientôt elles annexèrent à leur couvent,
qui prenait de jour en jour une nouvelle importance (8).
Au mois de mai 1639, le grand maître de l'artillerie de France, M. de la Meillerraie, assiégeant Hesdin, envoya
les sœurs noires du Vieil Hesdin « au couvent des soeurs grises de Saint-Julien dans Monstroeuil » où elles
restèrent avec plusieurs séculières pendant toute la durée du siège (9).
Vers la fin du XVIIe siècle, les sœurs grises étaient nombreuses à Montreuil. Au dire du bon frère Claude Salé,
religieux de Saint-André-au-Bois, leur conduite eût pu être donnée en exemple à bien des communautés du
même ordre situées en Artois. Mais elles eurent le tort de prendre parti dans les luttes du Jansénisme, ce qui
amena l'exil de plusieurs d'entre elles et attira sur leur couvent un arrêt de Louis XIV du 11 mai 1702 leur
portant défense de recevoir de nouvelles novices (10).
En 1705, sœur Dehaye de Sainte-Thérèse est vicaire de la communauté et sœur Marie de Pouques de Sainte-
Catherine prend le titre d'ancienne supérieure.
En 1709, Jeanne Ducrocq de Sainte-Elisabeth est supérieure et Madeleine Esgret de Saint-Bernard, dépositaire.
En 1718, soeurs Marie Delahaye de Saint-Léon et Jeanne Boudou de Sainte-Marguerite dirigent successivement
la communauté tandis que la sœur Marie Dupuis de l'Annonciation en est la dépositaire.
Des arrêts de la Cour des aides des 5 mai et 21 juillet 1723 condamnèrent les soeurs grises de Montreuil ainsi
que celles des Orphelins, de l'hôtel-Dieu et les religieux de Saint-Josse à payer tant pour le passé que pour
l'avenir, les droits de contrôle et autres sur les bières brassées et à brasser dans leurs maisons pour leur
consommation ou autrement et cela contrairement à ce qu'elles prétendaient être selon elles un privilège.
En 1766, sœur Françoise Leblond de Saint-Louis est supérieure ; sœur Mathelin, de Saint-Antoine, vicaire ; sœur
de Créquy de Saint-Nicolas, dépositaire.
Au commencement de l'année précédente, 1765, treize soeurs et vingt-quatre pensionnaires ou domestiques
occupaient le couvent.
En 1784, l'interdiction de recevoir de nouvelles novices subsistant toujours, il ne restait plus que quatre soeurs
dont la moins âgée avait soixante-seize ans. Le baron de Torcy, maire de Montreuil, proposa alors de mettre le
couvent à la disposition des Frères de la Doctrine Chrétienne. Louis XVI approuva ce projet, mais Mgr de
Machault, évêque d'Amiens, en retarda l'exécution si bien que la Révolution survint sans que l'on eût pourvu au
remplacement des soeurs grises. La dernière fut la sœur de Mailly.
En pluviose an IV, Jacques et Pierre Grenu, frères, menuisiers et entrepreneurs en bâtiments, se rendirent
adjudicataires de l'ancien couvent des soeurs grises et construisirent sur son emplacement, avec les matériaux
en provenant, ainsi que ceux de quelques églises, les maisons formant tout le côté ouest de la place Saint-
Walloy. Au lieu du jardin situé vis-à-vis l'église de ce nom, qu'ils avaient cédé à Joseph Delenclos et à
Marguerite Delattre, ils s'étaient engagés à leur bâtir quelques maisons dans un. certain délai ; mais, comme ils
ne se hâtaient point de s'exécuter, le 18 thermidor an IV ils comparaissent devant le juge de paix Enlart auquel
ils déclarent que, si les constructions n'ont pas été terminées en temps convenu, ils ne sauraient en être
responsables, « mais seulement parce qu'ils en ont été empêchés par leurs ouvriers qui les ont quittés lors de la
pénurie des grains, pour se procurer dans les campagnes une partie de leur subsistance et de celle de leurs
familles ; qu'il leur fut impossible de finir leur entreprise ? que ce fléau leur causa un grand préjudice sur les
marchés qu'ils avoient faits, attendu la baisse rapide du papier monnoye dont ils furent suivis, pour quoi il seroit
de la plus grande injustice de réclamer à leur charge des dommages et intérêts surtout lorsqu'il est constant qu'ils
sont grandement dupes des marchés qu'ils ont faits. » Ils demandèrent un délai « jusqu'à la saint Remy », qui
leur fut accordé et passé lequel étaient menés à bien les travaux commencés.

(7) V. de Beauvillé, Documents inédits concernant la Picardie, t. II. p. 275.
(8) Dict. Hist. et Archéol. du Pas-de-Calais, Montreuil
(9) L'abbé Fromentin, l'Histoire des Clarisses du vieil Hesdin, t II, P. 2 du Cabinet historique de l'Artois et de la Picardie.
(10) Baron de Calonne, Hist. des abbayes de Dommartin et de Saint-André, 232, Dict. hist. précité, et Ed. Soyez, Notices sur les Evêques d'Amiens, p.
292.
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