COUTUME
DU
PAIEMENT DES CENSIVES
Dues à l'Hôtel de Ville de Montreuil-sur-Mer
PAR
E. CHARPENTIER
ABBEVILLE
IMPRIMERIE DU CABINET HISTORIQUE DE L'ARTOIS ET DE LA PICARDIE
M D CCCXC
(Extrait du « Cabinet historique de l'Artois et de la Picardie », 1890.)
COUTUME
DU
PAIEMENT DES CENSIVES
DUES A L' HOTEL DE VILLE DE MONTREUIL-SUR-MER
_______________
Appellation du Saint-Sacrement
_____
QUAND les villes eurent conquis leur charte de commune, soit en se la faisant octroyer par le Roi,
soit en traitant avec le seigneur féodal, elles ne tardèrent pas à posséder tous les droits des seigneurs auxquels elles étaient substituées.
Le seigneur, en vertu de la règle fondamentale de la féodalité « nulle terre sans seigneur » lorsqu'il
avait droit de haute et moyenne justice était seigneur voyer des flégards et chemins. L'art. 38 de la coutume de Montreuil-sur-Mer, consacre en ces termes ces droits du seigneur féodal « La coustume est telle que tous fros, flégars, rivières et lieux communs estans dedens la seignorie de celui seigneur ayant justice viscontière ou en dessus qui soient entre lesditz deux renemens d'iceluy seigneur appartiennent en tout audit seigneur... » La coutume d'Amiens (art. 184) et la coutume du Boulonais (art. 42) affirment les mêmes droits, le texte seul est différent.
La ville de Montreuil ayant le droit de haute et moyenne justice était donc seigneur voyer dans les
conditions qu'indique l'article de la coutume que nous venons de citer. Elle pouvait donner à cens tout ou partie de ses flégards et de ses chemins. Dans ce cas, elle aliénait son droit de propriété sous la réserve de la seigneurie directe et d'une redevance annuelle en argent, en fruits ou autres menus objets.
La personne qui désirait obtenir de la ville la concession d'une partie de terrain communal, adressait
une requête à l'échevinage en indiquant l'objet de sa demande et offrait d'acquitter la redevance à laquelle elle serait imposée suivant la coutume.
La requête était communiquée au procureur du Roi de la ville qui examinait s'il y avait cause
d'empêchement et qui indiquait à quelles conditions, suivant son avis, le bail à cens devait être consenti.
S'il s'agissait de construction, d'alignement, en un mot de travaux intéressant la voirie de la ville, les
magistrats municipaux se transportaient sur les lieux, examinaient les plans qui leur étaient soumis, puis rendaient la sentence prononçant la concession demandée, autorisant les travaux, fixant la redevance ou censive ainsi que les conditions dans lesquelles celle-ci devait être acquittée.
Le secrétaire-greffier délivrait ensuite sur timbre l'expédition de la sentence qui formait le titre
commun de la ville et du censitaire.
Ces règles furent suivies dans cette forme jusqu'à la Révolution, et quand celle-ci, pour fonder en
France l'unité de législation, eut remplacé les coutumes locales par des règlements administratifs uniformes, ces règlements reproduisirent les formalités essentielles qui sauvegardaient si minutieusement les droits des parties contractantes.
Voici le texte exact d'une de ces requêtes, présentée par une dame Durre qui était propriétaire d'une
maison aujourd'hui transformée en remise et située place Sainte-Austreberthe à Montreuil. Cette requête est intercalée dans la sentence rendue en réponse par l'Echevinage le 13 août 1780. Cette sentence fait connaître l'une des redevances ou censives que la ville exigeait d'ordinaire et le cérémonial imposé pour le paiement.
« A tous ceux qui ces présentes lettres verront les Maire, lieutenant de Maire, échevins et assesseurs,
juges de police et de voyrie de la ville et Banlieue de Montreuil sur mer, Salut.
« Savoir faisons que vu la Requête à nous présentée le dix aoûst présent mois par Marie Française de
Quiefdeville, veuve de Messire françois Durre, à son décés chevalier, Seigneur de Beaurepaire et autres lieux, demeurante audit Montreuil, tendante à ce qu'il nous plut ordonner que nous nous transporterions sur les lieux indiqués plus bas, ou y envoyer de notre part, à l'effet de tracer à la suppliante l'alignement dans lequel elle devait établir le Bâtiment qu'elle se proposait de faire construire incessamment sur un terrein vague, contigu à une petite maison qu'elle possédait en cette ville vis à vis l'abbaye Royale de Sainte- Austreberthe; en conséquence l'autoriser pour l'embellissement, la décoration et l'avantage de cette dite ville, à faire percer les fondations de son Bâtiment sur ledit terrein vague dont elle avait fait dresser le plan annexé à sa Requête en avançant sur le dit terrein à bâtir, savoir vers le midi et en partant du bout de la partie droite de la petite Maison de la suppliante de quatre toises, à l'encontre du jardin des Révérends Pères Carmes de cette dite Ville et vers septentrion de trois toises, trois pouces, en partant du bout de la partie gauche de sa dite Maison attenante à la Maison d'Adrien Vigreux ; de sorte qu'en règlant l'étendue de ce terrein vagué par l'alignement tiré depuis le coin de la Maison appartenant aux héritiers René Merlot jusqu'à celui dudit jardin des Révérends pères Carmes, la liste donnante vers Orient sur le flégard portait trois toises quatre pieds onze pouces six lignes de longueur ; aux offres que faisait la suppliante, d'acquitter chaque année au retour de la procession solennelle du Saint Sacrement qui se faisait le jour de la fête-Dieu, et ce au Bureau de l'Hôtel de Ville dudit Montreuil telle censive qu'il nous plairait de déterminer pour la portion de terrein qui lui serait accordée pour former ledit alignement, laquelle censive engendrerait reliefs et autres droits et devoirs coutumiers les cas y échoiants; notre ordonnance au bas de la dite requête de soit communiqué au procureur du Roi de la Ville, du même jour ; les conclusions dudit procureur du Roi, du jourd'hyer, étantes en suite, portantes qu'il n'empêchait pour le Roi que le terrein demandé par la suppliante lui soit concédé à titre d'accensement et sous une redevance foncière et seigneuriale engendrant relief et droits seigneuriaux les cas y échoiants, telle qu'il plairait au Bureau de la Ville de fixer; laquelle serait payable par chacune année audit Bureau assemblé au retour de la procession solennelle qui se faisoit le jour du Saint Sacrement à peine de l'amende portèe par la Coutume ; qu'il requieroit en outre pour le Roi que la suppliante soit tenue de faire faire l'ouverture des fondations du Bâtiment qu'elle se proposait de faire construire en présence de deux Commissaires de l'hôtel de Ville qui veilleraient à ce que l'alignement qui serait donné par le Bureau soit exactement exécuté et à ce que la voye publique et la décoration du flêgard ne reçoivent aucun préjudice par la bâtisse et construction dudit Bâtiment. »
« Après nous être transporté sur les lieux aux fins de la susdite Requête, tout considéré,
« Nous autorisons la suppliante pour l'embellissement, la décoration et l'avantage de cette ville à faire
percer les fondations de son Bâtiment, dans l'alignement et ainsi qu'elle l'a proposé par sa Requête dudit jour dix de ce mois ; à la charge par la suppliante, ce à quoi elle s'oblige, de payer audit hôtel de Ville par chacune année au retour de la procession solennelle du Saint Sacrement qui se fait le jour de la fête-Dieu, un bouquet de fleurs et un sou de redevance foncière seigneuriale et perpétuelle, laquelle engendrera reliefs et autres droits et devoirs coutumiers, les cas y échéants ;
« Et sera notre présente sentence suivie et exécutée, nonobstant opposition ou appellation
quelconque, suivant l'ordonnance, attendu qu'il s'agit de fait de voyrie : Mandons aux huissiers de Police de cette Mairie ou autres sur ce requis mettre ces présentes à due et entière exécution; de ce faire donnons pouvoir.
« Donné et expédié à Montreuil sur Mer par moi Secrétaire Greffier de l'hôtel municipal dudit
Montreuil soussigné, cejourdhui treize aoust mil sept cent quatre vingt. »
Signé POULTIER.
La redevance fixée par l'échevinage n'était pas toujours comme celle imposée à la veuve de messire
François Durre un sou et un bouquet de fleurs. C'était quelquefois un chapeau ou couronne de roses ou d'autres fleurs, un verre de cristal, une douzaine de pommes de capendu, espèce de pomme rouge qu'on appelait aussi de court pendu, une thuille de pain, d'épices et même une once de poivre. C'était un estoeuf, petite balle avec laquelle on jouait à la paume à la main, au battoir ou avec raquettes sur les flégards et les chemins, du consentement de la ville. C'était aussi une Cholle (d'où est venue la pittoresque expression « Choller ») gros ballon de cuir rempli de mousse ou de son, sur lequel étaient peintes les armes de la ville, que l'on poussait soit avec les pieds, les mains et les bras jusqu'au but à atteindre. Les échevins donnaient sans doute ces estoeufs aux sociétés locales qui s'exerçaient à la paume. Ils gardaient ces cholles pour jouer avec les autres officiers municipaux et les habitants de la ville aux jours consacrés par l'usage. C'était à Montreuil le dimanche gras, le mardi gras et le dimanche suivant qui s'appelait le jour du Bouhourdis.
M. Louandre raconte dans son Histoire d'Abbeville et du comté de Ponthieu, qu'à Abbeville la cholle
était présentée au maire par le procureur de l'échevinage. A la suite de ce jeu qui durait vingt-quatre heures il y avait un banquet ou l'on servait toujours des « Cannetiaux » (jeunes canards) aux oeufs. En 1497 on en mangea 36 douzaines.
Ainsi qu'on l'a vu par la sentence citée plus haut les censitaires devaient payer ces redevances à
l'Hôtel de Ville à un jour fixé qui était le même pour tous. C'était chaque année le jour de la Fête-Dieu au retour de la procession du Sain-t Sacrement.
Tout le corps de ville, les maieur, vice-maieur, eschevins, anciens ou en exercice, les capitaines de
Muette, c'est-à-dire ceux qui commandaient le corps de garde appelé « la Muette » et qui primitivement avaient des attributions de juge de police ; les capitaines de remparts, de la compagnie de la Jeunesse, les prévosts des marchands, les sergents à verges et les Bremants, sergents qui étaient en même temps receveurs des octrois et des droits de la ville; les compagnies d'arbalétriers, d'archers et d'arquebusiers assistaient à la procession et au retour se rendaient solennellement à la grande salle de l'Hôtel de Ville. Là avait lieu la cérémonie que l'on désignait sous le nom d'Appellation du Saint-Sacrement.
Le secrétaire-greffier de la ville préparait à l'avance la liste des personnes composant le corps de la
ville, des officiers des milices, des sociétés locales et enfin des personnes qui devaient des rentes à la ville. Il faisait l'appel de chaque nom et indiquait en marge les présents et les absents. Les personnes devant des rentes qui faisaient défaut étaient condamnées à une forte amende de soixante sols parisis. C'était le chiffre fixé par la coutume.
On comprend tout l'intérêt que présentent ces listes pour l'histoire locale. Outre qu'elles font connaître
un usage intéressant qui, a duré des siècles et n'a cessé qu'en 1790, elles donnent des renseignements précieux sur la constitution de la municipalité, sur les différentes milices et sociétés locales et apprennent les noms des familles qui occupèrent autrefois les charges de la cité depuis les premières jusqu'aux plus humbles.
Vingt-neuf de ces listes, dressées par le secrétaire-greffier de la commune, sont en ma possession. La
plus ancienne est de 1685 ; la plus récente de 1762. Celle de 1686 est très complète. Je la copie en respectant l'orthographe de Jean Chabaille le secrétaire-greffier de cette époque.
Appellation pour le jour du Saint-Sacrement 1686
Cejourdhui treize Juin seize cent quatre-vingt-six, jour du très auguste St Sacrement au retour de la
procession gênéralle ont esté appellez les personnes et officiers qui doibvent comparution. Ensemble les personnes et particuliers qui doibvent des rentes à la ville qui se paient annuellement au retour d'icelle.
MAIEURS ET ESCHEVINS EN CHARGE
Noble homme Mre Antoine Vualloy Hurtrel seigneur d'Arboval conseiller du Roy et son advocat au
siège roïal du baillage d'Amiens estably à Monstroeuil, Maïeur en charge ;
Noble homme Me Jacques du Muret advocat en parlement et subdélégué à l'Intendance de cette
ville, Maleur second ;
Honorable homme Me François le Roy procureur et notaire audit baillage, Eschevin et premier maître
des ouvrages ;
Honorable homme Philippe Havet, Eschevin de la basse ville et second Me des ouvrages ;
Honorable homme Nicolas Monsigny, Eschevin et argentier ;
Me Pierre Pasquier procureur fiscal ;
Me Jean Chabaille greffier.
ANCIEN MAIEUR
Noble homme Me François Enlart seigneur de la Salle Gambier, Conseiller du Roy et son lieutenant
général civil au baillage d'Amiens establi à Monstroeuil ;
ANCIENS SECONDS MAIEURS ET ESCHEVINS
Noble homme Me Philippe de Lengaigne Conseiller du roy son lieutenant criminel au baillage
d'Amiens, ancien maleur second (absent) ;
Honorable homme Jean Furin aussi ancien maleur second (absent) ;
Honorable homme Antoine Hurtrel aussi ancien maleur second ;
Noble homme Me Adrien Boucher advocat en parlement ancien eschevin et Me des ouvrages ;
Honorable homme Me Jacques Patté ancien eschevin et Me des ouvrages ;
Honorable homme Claude Jacquemin ancien eschevin et Me des ouvrages ;
Honorable homme Jacques de Lamotte ancien eschevin et Me des ouvrages ;
Honorable homme Antoine Cailleu aussi ancien eschevin et Me des ouvrages ;
Honorable homme Grégoire Hacot ancien eschevin et Me des ouvrages ;
Honorable homme Me Noêl Queval aussi ancien eschevin et Me des ouvrages ;
Noble homme Me François Delattre advocat en parlement aussi ancien eschevin et Me des
ouvrages ;
Honorable homme Gilles Delhomel ancien eschevin Me des Me Philippe Thorel ancien eschevin et
Me des ouvrages (absent) ;
Honorable homme Jacques Roussel ancien eschevin Me des ouvrages ;
Honorable homme Louis Queval ancien eschevin hospitalier (1) ;
Honorable homme Nicolas Hardy ancien eschevin argentier ;
Honorable homme Jacques Queval ancien eschevin argentier ;
Honorable homme Nicolas Coupler ancien eschevin et argentier.
CAPITAINES DE MUETTE
Honorable homme Jacques Patté cy devant nommé ;
Honorable homme Grégoire Hacot ;
Honorable homme Antoine Cailleu ;
Noble homme Me Adrien Boucher ;
Noble homme Me François Delattre advocat.
CAPITAINES DE RAMPARTS DE LA VILLE HAULTE
Honorable homme Jean Denizel ;
Me Jacques Desprez ;
Me Claude Bocquillon ;
Me Jean Triquet ;
Le sr Jacques Hertault ;
Me Nicolas de Heghes (2) ;
Le sr Jacques Hurtrel ;
Me Louis Le Roy.
CAPITAINES DE RAMPARTS DE LA VILLE BASSE
Honorable homme Louis Queval ;
Honorable homme Nicolas Hardy cy devant nommé ;
Honorable homme Jacques Queval cy devant nommé ;
Le sr Nicolas Henry ;
Le sr Louis Fasquelle ;
Le sr Charles Delhomel ;
Le sr Jean Boucher.
CAPITAINE DE LA JEUNESSE
Le sr François Allard.
PREVOSTS MENANT GUEULDE EN L'ESCHEVINAGE
Le sr Adrien Deroussent doyen d'iceulx ;
Le sr Martin Duval ;
Le sr Antoine Pecquet ;
Le sr Jacques Carpentier ;
Le sr Jean Macquet ;
Le sr Philippe Havet ;
Le sr François Desfontaines ;
Le sr Henry Dunet ;
Le sr Gabriel Duquesnel ;
Le sr François Magnier ;
Le sr Jacques Delahodde ;
Le sr Nicolas Grandsire ;
Le sr Jean Leprestre ;
Le sr Estienne Lhostellier ;
Le sr Denis Fauchastre.
SERGEANTS A VERGES
Jean-Baptiste Coulombel ;
Jacques Abraham ;
Antoine Roussel, garde des matériaux.
SERGEANTS BREMANTS
Antoine Bonnier ;
Mathias Lelong ;
Jean Danguillaume ;
Jacques Normand ;
Pierre Morieul ;
Marcq Troude ;
André Lemaire ;
Français Poirret.
LES ROY ET CONNESTABLE ARBALÉTRIERS
Noble homme Me Adrien Boucher ;
LES ROY ET CONNESTABLE ARCHERS
Honorable homme Me François Le Roy cy devant nommé ;
Le sr François Magnier ;
LES ROY, CONNESTABLE ARQUEBUZIERS
Honorable homme Grégoire Hacot ;
Le sr André Vasseur.
PERSONNES
Qui doibvent pour leurs rentes verres, pommes, pains d'espices, chapeaux de fleurs et cholle a peine
d'amende
Esloy Lamirand seigneur de Gerville au lieu de Damelle Catherine Belledan pour la maison du « petit
cerf-volant » doibt un chapeau de fleurs (defaut) ;
Pierre Delapierre mulnier au lieu de Nicolas Nicolle pour le moulin qu'il occupe doibt un verre (paye)
;
Les vefve et héritiers d'Antoine Cassel pour une portion de terre pour poser le pignon de leur maison
doibvent un verre de cristal (paye) ;
Les vefve et héritiers de Jacques Dewismes estant aux droits d'Antoine et Henry de St Jean pour la
permission à eux donnée de poser le comble de leurs escuries et recevoir les eaux d'icelles doibvent un verre de cristal (defaut ; depuis payé) ;
Les héritiers d'Antoine Godart Ingénieur au lieu de Me Claude Postel pour une portion de la ruelle
appellée «la rue Payelle » doibvent un denier et un estoeuf de pecques (défaut) ;
Noble homme Me Philippe de Lengaigne doîbt un estoeuf de pecq à cause de la dte ruelle (défaut)
;
Louis du Sublet escuier sr de la Humière et damelle Jeanne de Lengaigne sa femme doibt à cause de
la dite ruelle un estoeuf de pecq (defaut) ;
Philippe Vigreux pour la permission a luy donnée pour faire l'ouverture de sa cave doibt une
douzaine de pommes de Catpendu et une thuille de pain d'espices (paye) ;
Les héritiers de Louis Delarbre pour la maison et ténements de « l'Espousée » qui fut cy devant à
Claude Desgremont doibvent une cholle (defaut) ;
Les héritiers de Charles Boudou et Jeanne Delamarre à cause d'une portion de terre prise sur le
flégard doibvent un chapeau de roses et une thuille de pain d'espices (paye) ;
Eux, pour une autre portion de terre prise sur la rue du Thorin doibvent encore un chapeau de fleurs
(paye) ;
Jacques Latour et sa soeur à cause de leur maison où ils demeurent doibvent une cholle (defaut) ;
Les héritiers de Me Gérard Boucher à cause de la maison de « la Nef » doibvent un verre de
cristalle (defaut) ;
Les héritiers de Jean de Gourdeille sieur de St Jean à cause de la maison appelée « Ste Barbe »
doibvent un chapeau de fleurs (payé) ;
Les vefve et héritiers de Charles Laidet pour une portion de terre prise sur le Marais d'Escuires
doibvent une once de poivre (defaut).
Fait et arrêté au bureau de l'Eschevinage les dits jour et an.
Dans la première partie du XVIIIe siècle la ville fit quatre nouveaux baux à cens ; les personnes dont
les noms s'ajoutent à la liste ci-dessus et qui doivent répondre tous les ans à l'appellation du Saint- Sacrement sont
« Les mêres et religieuses de St Nicolas de cette ville pour la permission à elles donnée de poser
partie de leur salle aux malades sur le flégard elles doivent un bouquet de fleurs ;
Les filles Minien à cause d'une portion de terre ou masure contre l'Eglise Notre-Dame près l'image
de la Trinité elles doivent un bouquet de fleurs ;
Les péres Carmes de cette ville pour quelques pieds de terrain sur lesquels est bâtie leur classe ils
doivent un bouquet de fleurs et un gobelet de cristal ;
Les dites méres et religieuses de St Nicolas pour la permission à elles donnée (acte du 15 mars
1725) de poser en droite ligne leur bâtiment neuf donnant sur la place et faisant face à la maison du sr Germain Boitel elles doivent un autre bouquet de fleurs.
La sentence du 13 août 1780 reproduite au commencement de cette notice est sans doute une des
dernières de ce genre que dut rendre l'eschevinage. La dernière appellation du Saint-Sacrement eut lieu en 1789. Dans la nuit du 4 août, l'Assemblée nationale décréta (art. 6) que toutes les rentes foncières perpétuelles, soit en nature, soit en argent de quelque espèce qu'elles soient dues, étaient rachetables. Les décrets des 15—28 mars 1790 déterminèrent bien les conditions de ces rachats ; mais les rachats donnaient lieu dans la pratique à de telles difficultés ; les droits des bailleurs à cens étaient si rarement établis par des titres certains; la nécessité de rompre entièrement avec le passé était telle que la Convention dut prononcer par son décret du 17 juillet 1793 l'abolition absolue, sans rachat, des rentes et redevances seigneuriales. En fait, elles n'étaient plus payées depuis le décret du 4 août 1789. Au nombre des redevances abolies sans rachat se trouvaient les censives dont nous venons d'examiner la création et le mode de paiement dans les ville et banlieue de Montreuil-sur-Mer.
En étudiant ce point d'histoire locale et en publiant ce travail, je n'ai pas eu seulement pour but de
faire connaître une côutume intéressante d'une ville du Ponthieu.
Cette « appellation du Saint-Sacrement » ou une coutume analogue, survivance du règime féodal, a
dû exister dans quelques-unes des villes qui avaient des droits seigneuriaux à percevoir ainsi autrefois, les seigneurs recevaient à un jour déterminé les hommages et redevances de leurs vassaux dans la grande salle du château en présence des gens de leur maison.
Je voudrais qu'on remît au jour les documents qui relatent ces cérémonies. On y trouverait, j'en donne
un exemple, les éléments d'une curieuse étude comparative des institutions communales sous l'ancien régime.
LISTE DES MAIEURS & VICE-MAIEURS OU MAIEURS SECONDS
De Montreuil-sur-Mer, en exercice de 1685 à 1762
MAIEURS
1685. Noble homme Monsr Mre François Enlart seigneur de la Salle Gambier conseiller du roi et
son lieutenant général civil au bailliage d'Amiens.
1686. Noble homme Mre Antoine Vualloy Hurtrel seigneur d'Arboval consr du Roy et son advocat
au siége roïal du bailliage d'Amiens.
1687. Le même.
1689. Le même.
1691. Noble homme Mre Adrien Boucher advocat au lement.
1692. Le même.
1693. (Laissé en blanc sur la liste d'appellation).
1695. (Laissé en blanc sur la liste d'appellation).
1697. Honorable homme François Becquet conseiller du Roy, maire perpétuel.
1698. Le même.
1700. Le même.
1701. Le même.
1741. Noble homme Mre Louis Jhèrosme Le Camus sr de La Neuville lieutenant général criminel et
ancien conseiller en la cour de Monnoye à Paris.
1742. Le même.
1747. Noble homme Mre Mr François Louis Auguste Baillon conseiller du Roy et son prévost royal
et prévostal de Waben.
1748. Le même.
1749. Noble homme Mr Mre Jean Bte François Antoine Becquet seigneur du grand et petit
Beaurepaire couse du ,Roy et son lieutenant général du bailliage d'Amiens.
1750. Le même.
1751. Le même.
1752. Le même.
1753. Noble homme Mr Mre François Louis Auguste Baillon consr du roy et son bailly royal et
prévostal de Waben le siège transféré à Montreuil.
1754. Le même.
1755. Le même.
1756. Noble homme Monsieur Me Jacques Poultier notaire et procureur en ce siège.
1757. Le même.
1758. Le même.
1759. Noble homme Monsieur Me Jean-Baptiste Joseph Hurtrel seigneur d'Arboval conseiller et
avocat du Roy au bailliage de cette ville.
1760. Le même.
1762. Noble homme Monsieur Me François Charles Louis Siriez sieur de Bergues conseiller du
Roy, lieutenant général de Police.
VICE-MAIEURS OU MAIEURS SECONDS
1685. Esloy Lamirand seigneur de Gerville escuïer de la grande escurie du Roy.
1686. Noble homme Mre Jacques du Muret advocat en parlement et subdélégué à l'Intendance de
cette ville.
1687. Le même.
1689. Noble homme Mre Adrien Boucher advocat au parlement.
1691. Pas de vice-maïeur.
1692. Pas de vice-maïeur.
1693. Honorable homme Jean Denizel.
1695. Pas de vice-maïeur.
1697. Pas de vice-maire.
1698. Pas de vice-maire.
1700. Pas de vice-maire.
1701. Pas de vice-maire.
1741. Honorable homme François Enlart.
1742. Le même.
1747. Honorable homme Me Antoine Joachim Dupré notaire royal et procureur.
1748. Le même.
1749. Honorable homme Me Jean Bte Pecquet notaire royal en ce bailliage.
1750. Le même.
1751. Noble homme Mre Me Philippe Jean Baptiste Jacquemin président des traites de cette ville.
1752. Le même.
1753. Honorable homme Me Jacques Poultier l'aîné notaire et procureur en ce siège.
1754. Le même.
1755. Honorable homme Pierre Bruslé marchand en cette ville.
1756. Honorable homme François Courtin docteur en médecine.
1757. Honorable homme Jérosme Delhommel marchand mercier.
1758. Le même.
1759. Honorable homme Mr Louis Sta changeur du Roy fermier général de la terre et seigneurie de
Brimeux et autres lieux.
1760. Honorable homme Claude Pecquet notaire et procureur en ce bailliage.
1762. Honorable homme Pierre Joseph Hacot notaire et procureur.
Notes :
1.On appelait eschevin hospitalier celui des eschevins qui était désigné comme membre du Conseil
d'Administration de l'hospice des orphelins ;
2.Descendant du Maïeur anobli à cause de sa conduite pendant le siège de 1544.
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